samedi 13 février 2010

Pour l'amour d'une mère


Résumé:Je m'appelle Antonin Maillefer. Je suis né le dixième jour de janvier 1900 à la ferme de la Baraille, hameau de Cassagnettes, deux cent trois habitants, une école, deux Jésus et un bâtard : moi.

Né des amours imprudentes de sa mère, la belle Adélaïde, et d'un photographe ambulant, Antonin est élevé par sa grand-mère, la mémé Petite , une sacrée bonne femme, qui l'adore. De plus loin veillent sur lui madame Alice, l'institutrice, et le curé, qui ont reconnu en lui un garçon singulier. Malgré les brimades des gamins du village - Bâtard ! -, Antonin serait heureux si sa mère vivait avec lui, mais la légère et fantastique Adélaïde est partie pour la ville ; elle ne revient à la Baraille qu'une fois par mois. Et la vie d'Antonin est faite de l'attente de sa mère. Jusqu'au jour où...


Mon avis: Au début de ma lecture, je me suis demandé si j'allais continuer. J'avais un peu l'esprit ailleurs et cette histoire d'enfant abandonné sans père me laissait un peu indifférent. Puis, je ne sais pas ce qui s'est passé, je suis entré dans l'histoire et je me suis pris d'affection pour ce "bâtard" qui trouvera la force de se battre pour se faire une place dans ce petit village.
Dans les villages, les jolies filles mères font jaser et c'est toujours sur leur progéniture que cela retombe. La belle Adélaïde n'a jamais aimé la vie à la ferme et à toujours voulu partir à la ville. A l'aventure. C'est donc la grand-mère d'Antonin qui prendra soin de lui. Elle l'aimera avec rudesse, certes, mais avec un coeur gros comme ça. Et lui, Antonin, attendra les visites de sa mère avec impatience, faisant de ses dimanches, les plus belles journées de sa jeune vie. Puis, l'école arrivera, toujours avec ses envies et ses moqueries pour le garçon sans père. Il deviendra le souffre douleur, jusqu'à l'arrivée de Georges, le gitan roux. Ils deviendront les meilleurs amis du monde. Antonin aime George d'un amour incommensurable: il s'est trouvé un frère.
Puis Adélaïde revient, la "mémé Petite" meurt et va rejoindre son Mathurin au fond du jardin. Et pour Antonin, commence une nouvelle vie à La Bastide.

Le roman se compose de deux parties distinctes, en deux lieux différents: La Baraille, où Antonin vit ses premières années avec sa grand-mère. Puis à la Bastide avec sa mère. Et ces deux parties montrent deux mondes différents qu'Antonin traversera avec l'aide de son ami George et de son institutrice Madame Alice, qui sera comme une seconde grand-mère pour lui.

A la lecture de ce livre, le temps s'est arrêté, suspendu pour un instant. J'ai été touché par cette passion d'un fils pour sa mère. Antonin se battra toute sa vie pour être accepté par les autres. Mais également par sa mère. J'ai trouvé ça touchant, cet amour de ce fils pour la femme qui l'a abandonné. Et qui l'abandonnera encore.
Ce roman parle d'amour mais également d'absence. Absence de la mère et du père, inconnu pour Antonin(il saura juste qu'il est photographe ambulant). Mais il fera tout pour qu'elle soit fier de lui. Il ira jusqu'à accepter son énième départ, quitte à suspendre sa vie jusqu'à son retour.
J'ai aimé écouter la voix de ces personnages. Les dialogues retranscrivent très bien la musicalité de ce phrasé paysan que l'on entend encore parfois dans la bouche de nos aïeux et qui nous parle d'un temps que l'on ne connait pas. Celui du début du XXe siècle. Si proche et déjà loin de nous.

Avec tendresse, Jean Claude Libourel à su nous conter une histoire universelle: l'histoire d'amour d'un fils pour sa mère.

Jean-Claude Libourel: Antonin Maillefer, Le Livre de Poche, 284 pages, 1996

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