vendredi 13 mai 2011

"Brille, brille ma petite étoile! "


Résumé: Dans une petite ville de Tasmanie, dans les années 1970-80. Depuis tout petit, Julian Corkle invente, fabule, fait le clown, multiplie les bobards ; bref, Julian Corkle est un fieffé menteur. Bien obligé quand on grandit dans une petite ville paumée de province avec des rêves de célébrité et des
secrets honteux. Car quand ses petits camarades jouent au base-ball, Julian, lui, dévore les magazines people, joue à l'infirmière, regarde des feuilletons à la télé, décore sa chambre, écoute en boucle les albums de Bowie et pomponne sa mère. Autant dire qu'il est loin de faire l'unanimité dans sa famille : son père, pilier de pub et dingue de foot, ne le trouve pas assez viril ; sa soeur, sportive accomplie, alterne bourrades brutales et coups de gentillesse ; son frère, l'intello, le méprise. Seule sa mère l'adore, croit en lui et l'encourage dans toutes ses entreprises. Qui sont nombreuses ! Car on a beau être une future star, encore faut-il trouver sa voie…


Mon avis: En lisant ce roman , je ne pensais pas qu’il allait autant me parler. J’ai eu l’impression, en tournant les pages que ce livre avait été écrit pour moi: certains passages faisant écho à ma propre vie.

Julian Corkle c’est un peu moi. Ce garçon différent des autres et que son père humilie de toutes les façons possibles car il n’est pas comme lui-un gros beauf qui ne s’intéresse qu’au sport et à la bière- va faire fi de tout ça et croire toujours en son étoile, malgré les nombreuses embûches qui se mettront sur sa route.
Julian est une star depuis sa naissance, du moins c’est-ce que sa mère, sa première admiratrice, lui répète depuis tout petit. Sauf que le parcours va avoir son lot de désillusions de petit boulots en petit boulots et d’humiliations et de coups bas qui ne vont pas l’épargner. On le suivra ainsi de sa naissance jusqu’à ses 16 ans où sa vie va changer.

Ce roman est drôle, émouvant (j’ai souvent été au bord des larmes devant certaines situations), cruel par moment (mais la vie n’est pas rose tout le monde le sait), irrévérencieux . Julian peut paraitre arrogant dans ses propos par rapport aux gens qui l’entourent (ceux-ci ne l’épargnent pas non plus), mais je n’ai pas trouvé que c’était de l’arrogance, plutôt de l’assurance et de l’insolence: il veut juste s’affirmer et être ce qu’il est vraiment sans s’occuper du quand dira-t-on. Puis en même temps, s’il est comme ça, sa mère y est pour quelque chose puisque c’est elle qui affirme depuis son plus jeune âge qu’il est fait pour être une star et pour passer à la télé. Il a du panache et tant qu’il a du panache, il peut croire en son étoile.

J’ai aimé Julian, il est attachant, énervant par moment, surtout quand il n’accepte pas de partager sa mère avec le nouvel homme de sa vie, après son divorce d’avec le père de Julian. Il se comporte en mari jaloux et j’ai été un peu dérangé par rapport à ça. En même temps, c’est compréhensible, sa mère est la seule à croire en lui et à l’aimer.

Son frère et sa sœur, très différent de lui (ils adorent le sport et font la fierté des leur père), ne l’apprécient pas plus que ça et le lui font sentir. Heureusement son frère partira au loin poursuivre ses études. Toutefois, sa sœur Carmel, sous ses airs de garçon manqué et de grosse brute, jouant au cricket (le sport national en Tasmanie), étant ainsi la fille préférée à son papa, se révèlera sous un autre jour à la fin du roman. Son attitude envers Julian m’a étonné et ému, et montre qu’elle n’était pas aussi indifférente à l’avenir de son petit frère.

En revanche, son père est un être abject qui s’amuse à le rabaisser et à l’humilier. A chaque fois qu’il apparaissait et qu’il intervenait dans le roman, je l’ai tout le temps traité de Connard. Voilà je l’ai dit. Si Julian est un menteur (car oui, il ment pour parvenir à ses fins), James Corkle est un Connard de première. Excusez cette vulgarité soudaine, je préfère dire les choses comme je le pense et je le ressens. Il m’a mis hors de moi à chaque fois. Il n’aime pas son fils et a honte de ce qu’il est et de ce qu’il fait. Rassurez vous, Julian le lui rend bien et ne l’aime pas non plus. Je n’arrive pas à comprendre qu’on puisse humilier et rabaisser un gamin en le décourageant dans tout ce qu’il entreprend car il est différent de soi. J’ai vécu cette situation , n’aimant pas le sport et préférant les activités artistiques, on m’a souvent découragé dans ce que j’entreprenais. Heureusement, maintenant ce n’est plus le cas, mais j’en ai un peu souffert étant petit.

Mais rassurez vous, il n’y a pas que des personnages contre le héros dans ce roman. Il y a Jimmy, son meilleur ami, qui sera plus que ça au fil du temps. J’ai été touché par leur relation et leur histoire et j’ai eu comme le cœur brisé quand Julian est obligé de lui dire au revoir car son c**nard de père à accepté un poste dans une autre ville, juste pour faire suer sa famille.
Puis, il y a Dot, celle qui va lui montrer la voie et le talent qu’il possède en lui. Elle va être la lumière au bout du tunnel en le prenant sous sa coupe et lui montrer enfin qu’il était bien fait pour être une célébrité.

En conclusion, un roman drôle, émouvant qui a su me toucher. Un vrai coup de cœur et même plus que ça: le roman que j’attendais depuis longtemps, celui qui a été écrit pour moi et qui a fait résonance à ma propre vie. Un roman qui nous montre que la société n’aime pas les personnes sortant de l’ordinaire comme Julian et qui font tout pour leur rendre la vie impossible. Ce roman est également rempli d’espoir. L’auteur nous murmure à l’oreille que malgré les embûches qui se trouvent sur notre chemin, il faut toujours croire en ses rêves car ils se réalisent tôt ou tard. Même si parfois il faut mentir un peu pour y arriver. N’est-ce pas Julian!

Un grand merci à Diane des Editions Belfond pour cette découverte.

D.J. Connell: Julian Corkle est un fieffé menteur (Julian Corkle is a filthy liar), Belfond, 374 pages, 2011

10 commentaires:

  1. Je note illico Forcément, ce livre va me plaire Dans son thème, il me rappelle un peu 50 façons de dire fabuleux de Graeme Aitken.

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  2. Je pense aussi qu'il te plaira. Moi, de mon côté, je note le titre que tu a mis dans ton com. Un échange de bons procédé ma foi.

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  3. comment résister apres un tel billet...??

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  4. @Anne Sophie: On ne peux pas. lol

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  5. noté depuis plusieurs semaines,j'attends la parution en poche avec impatience
    ton commentaire me donne encore plus hate

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  6. Voici un roman que j'ai fort envie de découvrir depuis que j'ai entendu le coup de coeur des libraires sur France Info.
    J'âi même rajouté ce livre à la BBM de livraddict afin de le mettre dans ma wish list.

    Effectivement il a l'air sensible et drôle à la fois. Je pense me laisser tenter dans un futur proche :)

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  7. @Nelfe: Succombes à la tentation, il le vaut bien.

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  8. J'aime beaucoup le titre et je crois que j'en avais déjà entendu parler (mais où ? mystère !!!). Je n'ai aucun mal à imaginer la vie dans une petite ville de Tasmanie dans ces années-là car même maintenant, c'est assez isolé (dans une de ces "villes", il n'y avait qu'un seul restaurant avec tables en formica et tout ... on se serait cru projeté dans les années 60 !!!!). Je suis sûre que c'est un roman qui va me parler à moi aussi :)

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  9. @Joelle: comme quoi, rien n'a changé depuis les années 70. Un roman qui vaut le détour et qui a bonne presse apparemment. J'espère qu'il te parlera autant qu'à moi.

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  10. @Will: Et voilà j'ai succombé ;)
    Je l'ai terminé ce soir et je l'ai moi aussi bien apprécié. J'en parlerai plus longuement dans un futur billet mais même si cette lecture ne m'a pas autant touchée que toi, je me suis attachée à Julian qui certes est un fieffé menteur mais aussi un garçon courageux.

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