mercredi 25 mai 2011

Les imperfectionnistes


Résumé: Ils sont pathétiques, ils sont incompétents, ils sont harcelés par le destin – bref, ils sont irrésistibles. Ces éternels abonnés à l’infortune ont tous en commun de graviter autour d’un anonyme et farfelu journal international basé à Rome.

Sous la houlette du très incapable directeur de la publication Oliver Ott, petit-fils de l’énigmatique fondateur du quotidien, il y a entre autres Lloyd Burko, vieux correspondant à Paris, au bout du rouleau et prêt à tout pour vendre un article ; Arthur Gopal, le préposé aux nécrologies et aux mots croisés, frappé par une tragédie familiale qui va donner un ironique coup d’accélérateur à sa carrière ; Winston Cheung, pigiste débutant au Caire, vampirisé par un reporter sans foi ni loi ; Ruby Zaga, la vieille fille persuadée (à raison) d’être la paria de la rédaction ; ou encore Ornella de Monterrecchi, lectrice un peu trop scrupuleuse à qui sa fidélité exhaustive a coûté vingt ans de retard sur l’actualité…


Mon avis: Le premier roman de Tom Rachman est une réussite de la première à la dernière ligne. En choisissant un univers qu'il connait bien - il a été journaliste de presse écrite- il nous invite à explorer les relations humaines d'un point de vue professionnel mais également personnel. On passe ainsi d'un Correspondant à Paris à un pigiste au Caire, ou bien du rédacteur en chef adjoint à une secrétaire de direction. Onze destins malmené par la vie. Tous ces personnages sont pathétiques, sans exception. Dès que j'ai lu la première histoire, j'ai compris que chacune allait se terminer plus ou moins mal. Entre Ruby malmené par ses collègues et qui ne pense qu'à une chose: partir, ou bien Arthur Gopal, travaillant au service nécrologie qui va vivre un drame (qui lui changera radicalement la vie puisqu'il prendra du galon), tous en prennent plein la figure et le lecteur parfois sourit devant certaines situations, comme celle de Winston Cheung, pigiste au Caire qui n'arrive même pas à écrire la moindre pige pour le journal et qui va se faire avoir par un vieux briscard du journalisme qui convoite le même poste que lui. J'ai également aimé l'exubérance d'Ornella, cette vieille dame qui lit très consciencieusement le journal de la première à la dernière ligne, si bien qu'elle à vingt ans de retard sur l'actualité (elle en est au numéro du 23 avril 1994 alors qu'on est en 2007).
En lisant ce livre, j'ai eu l'impression de lire onze nouvelles puisque chaque chapitre nous raconte une mésaventure d'un personnage, mais c'est bien un roman que Tom Rachman nous propose: un patchwork d'une salle de rédaction où l'on va passer d'un poste à un autre. Les pages qui font le lien entre ces onze destins sont les quelques pages qui nous parle du journal en lui même: de sa création par Cyrus Ott dans les années 60 à sa chute en 2007. L'univers de la presse écrite n'a pas été beaucoup exploré et c'est bien dommage car il est passionnant. De plus l'auteur sait de quoi il parle et nous donne certaines clés de ce métier.

Un premier roman réussi qui m'a fait sourire: les mésaventures de ces onze personnages malmenés par la vie sont souvent drôles grâce à la plume de l'auteur, pleine de vie, d'exubérance et de cynisme. Avant d'être des reporters et des journalistes, ce sont avant tout des hommes et des femmes qui ont chacun leurs problèmes,leurs petits travers que Tom Rachman restitue avec brio. Pour un premier roman, c'est un coup de maître qu'il faut que vous découvriez à tout prix. Ces imperfectionnistes valent le détour.

Tom Rachman: Les Imperfectionnistes (The Imperfectionists), Grasset, 390 pages, 2011

4 commentaires:

  1. @Anne Sophie: ça c'est ce que j'appelle de l'enthousiasme!

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  2. Le thème est vraiment intéressant et puis, vu que tout le monde semble ravi de cette lecture, je l'ai déjà noté :) Maintenant, j'attends le bon vouloir de la biblio ;)

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  3. @Joelle: apparemment, il a un bon écho que ce soit dans la presse où sur la blogo. C'est mérité en tout cas.

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