jeudi 29 décembre 2011

A bout de souffle


4e de couverture: Gloria et moi avions été prévenus par de vieux routiers que la seule façon de tenir le coup jusqu'au bout dans un marathon de danse, c'était d'utiliser au mieux ces pauses de dix minutes grâce à une méthode précise : apprendre à manger son sandwich tout en se rasant et en se faisant soigner les pieds, apprendre à lire les journaux en dansant, apprendre à dormir sur l'épaule de son ou de sa partenaire ; mais tout cela, c'étaient des trucs de métier qui demandaient de l'entraînement. Au début, nous eûmes beaucoup de peine à nous y mettre Gloria et moi.

Roman porté à l'écran par Sydney Pollack, On achève bien les chevaux est fascinant de par sa construction. Le roman commence par la fin du procès de Robert Syberten, plus particulièrement par la lecture du verdict et la sentence. Mais l'originalité du roman réside dans le fait que cette lecture soit coupée en 13 morceaux. Elle fait l'intermédiaire entre les chapitres. Chapitres composés d'un long Flashback qui revient sur la rencontre de Gloria et Robert, dans une rue de Los Angeles, dans ce monde cruel d'Hollywood (Gloria rêve d'être actrice et Robert, un grand metteur en scène). Tous deux, décident alors de participer à un marathon de danse (marathon qui durera plusieurs semaines où le but est de danser et bouger sans s'arrêter sous peine d'être disqualifiés. Il y a bien évidemment des pauses. Les participants doivent même bouger en mangeant leur sandwich où en buvant leur café). Le lecteur va alors suivre le parcours de ce "couple" atypique: Robert, ce garçon un peu rêveur et Gloria, fille sans gêne qui dit ce qu'elle pense mais qui cache un mal être qui ressort parfois aux yeux de Robert.

Pour tout vous dire, s'il m'a fallu 4 jours pour lire ce roman, c'est que dès les premières pages, j'avais deviné le dénouement. Je n'ai eu aucune surprise. Pourtant, je n'ai jamais vu le film: je le connaissais de nom, je savais que ça parlait d'un marathon de danse mais ça s'arrêtait là. Si je connaissais le dénouement du roman c'est par déduction: le roman commençant par la lecture d'un verdict, j’ai compris que le narrateur du roman (qui n'est autre que Robert) était également l'accusé du procès, j'en ai déduis que la victime n'était autre que Gloria sa partenaire qu'il nous présente dans le 3e chapitre. En fait, le plus important n'est pas le meurtre en lui même mais comment les personnages en sont arrivés là.

Puis, hier soir, alors que je n'avais lu que 80 pages du roman, j'ai été transporté par ce marathon de danse: la frénésie du concours, les personnages atypiques comme Mrs Layden, une dame de 60 ans, passionnée par le marathon et qui vient tous les jours soutenir son couple favori: Robert et Gloria; James et Ruby, un couple concurrent que Gloria va se mettre à dos, juste pour avoir suggéré l'avortement à Ruby, enceinte de James.
Ce matin, j'ai repris le livre et je n'ai pas pu le lâcher avant la fin: j'ai été emporté et je voulais savoir le fin mot de l'histoire, pour voir si ma déduction du début était juste (et elle s'est avérée vraie).

C'est un roman coup de poing, qui maintient une tension permanente: on est pris dans la folie de ce marathon, on se sent oppressé par ce lieu fermé, d'où les participants et le lecteur ne sortent pas. Comme Robert, j'avais parfois besoin d'air et de voir le soleil se coucher. C'est également une belle critique d'Hollywood, ce pays où chaque évènement doit être médiatisé pour rameuter du monde, un univers qui broie les gens qui y vivent. Tout compte fait Robert et Gloria sont les victimes de ce monde cruel et infernal.

En conclusion, un roman percutant qui montre encore une fois la plus mauvaise face de ce monde de paillettes, qui broie dans sa machine ces jeunes venus de tout le pays pour trouver un peu de gloire et qui se brûlent les ailes à sa lumière cruelle. En refermant ce livre, je me suis dit que l'assassin n'est pas celui que l'on croit.

Horace Mac Coy: On achève bien les chevaux (They shoot horses, don't they?), Folio, 207 pages, 1946

(20e et dernier livre pour ce Challenge)

12/10 (Bonus 2)



5 commentaires:

  1. Je ne connais pas le roman, mais j'ai vu le film, il y a quelques semaines, dans le cadre d'un cours sur les comportements déviants. Je me suis horriblement ennuyée. J'ai trouvé ça lent et inexpressif. Bon, je connaissais le cadre pour l'avoir étudié en cours et le dénouement dès le départ, parce que le titre est quand même un méga-spoiler... Mais je crois que j'aurais quand même pu aimer si j'avais ressenti quelque chose, hors là, rien du tout, malheureusement. J'ai juste subi un film qui m'a semblé terriblement rasoir. Dommage...
    Du coup, je ne suis pas particulièrement motivée à découvrir le roman...

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  2. @Méloë: c'est vrai que le titre est un spoiler a lui tout seul sur le final mais ce n'est pas la faute du traducteur puisqu'il a traduit le titre anglais. Malgré ton avis sur le film ,j'essaierai quand même de le voir pour me faire une idée.

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  3. Effectivement le titre VO est tout aussi parlant. Ce qui montre sans doute que l’intérêt ne réside peut être pas tant dans le dénouement que dans la dénonciation de ce que les personnages se retrouvent obligés d'endurer pour survivre.
    Pour le film, le mieux est effectivement que tu te fasses ta propre opinion et je ne peux que souhaiter qu'il te plaise d'avantage qu'à moi !

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  4. Je ne crois pas avoir déjà vu le film (ou alors, ça fait vraiment longtemps !). Et je ne connais le roman que de nom aussi ... je note car je pense qu'il devrait être facile à trouver à la biblio et qu'il n'est pas très épais (j'évite de prendre des pavés à la biblio maintenant ! mdr !)

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  5. @Joelle: J'espère qu'il te plaira. C'est un roman qu'il faut lire. De plus il se lit vite.

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