dimanche 22 janvier 2012

The King Arthur Of Gospel


4e de couverture: Dans le Harlem des années cinquante se nouent les destins de quatre adolescents : Julia, la jeune évangéliste qui enflamme les foules, Jimmy, son petit frère souffre-douleur, Arthur, qui manifeste déjà son talent de chanteur de gospel, et Hall, le frère aîné d'Arthur, qui s'apprête à partir pour la guerre en Corée.
Trente ans plus tard, la mort d'Arthur amène Hall à revenir sur leur jeunesse. Il tente alors de découvrir la folle logique qui a conduit la vie de ces êtres liés à tout jamais. Pourquoi Julia a-t-elle subitement cessé de prêcher ? Pourquoi le quartette s'est-il dispersé ? Pourquoi Arthur, l'empereur du soul, n'a-t-il jamais vraiment trouvé le bonheur malgré l'amour de Jimmy ? L'écriture sensuelle de James Baldwin, rythmée par les cris poignants du gospel, nous entraîne dans une Amérique rongée par la haine raciale et le mépris des minorités.
Ce roman bouleversant, dans lequel la violence et l'érotisme se mêlent à la tendresse et l'humour du poète, est un chant d'amour. Chant d'amour de Hall à Arthur et à ses frères noirs, dans un monde qui les rejette avec arrogance.


C'est grâce à mon libraire si j'ai lu ce livre. Après une discussion avec lui sur le roman de Richard Powers "Le Temps où nous chantions", (que nous avons adoré tous les deux), il me conseilla la lecture de ce roman de James Baldwin, les thèmes du livre étant similaires. Je peux vous dire que mon libraire a bien fait car c'est un très bon roman.
Je n'ai pas lu beaucoup de romans où les héros sont tous afro-américain et j'ai trouvé cela intéressant d'avoir la vision afro-américaine de la ségrégation. Hall, le narrateur et frère ainé d'Arthur, nous plonge dans cette Amérique des années 50 où le racisme est omniprésent, surtout dans le Sud (les passages du livre se déroulant dans le Mississippi m'ont fait froid dans le dos).

Le roman est un long flashback que déroule Hall quand il apprend la mort de son frère Arthur dans un bar londonien (sa mort est juste évoquée mais jamais "montrée", même à la fin. C'est au lecteur d'imaginer la scène). Il y a alors deux familles et quatre personnages qui se détachent: Hall, le narrateur, qui partira pour la guerre en Corée, avant de devenir le manager d'Arthur. Arthur, son frère, qui chante du Gospel dans les églises et qui deviendra une célébrité partout où il passera, Julia Miller, la fille des Miller ami de leurs parents, petite fille évangéliste qui a neuf ans, prêche dans les églises, qui sous ses airs arrogants cachera une réelle souffrance par la suite (à la mort de sa mère, elle vivra un véritable enfer qui la changera à jamais) et Jimmy, le frère de Julia, qui souffrira de l'indifférence de ses parents qui vouent un culte malsain à leur fille.

C'est un roman foisonnant où la musique, la religion, la solitude, les combats pour une certaine liberté (Martin Luther King et Malcolm X sont évoqués: j'ai trouvé étrange qu'Arthur et les autres ne soient pas au courant des actions de ces deux hommes. C'est d'ailleurs Arthur qui dit à son frère qu'au Canada, les gens sont plus au courant qu'eux, qui vivent à New York), la déségrégation qui se met progressivement en place,l'homosexualité s'entremêlent dans ce roman qui nous interpelle pour ne plus nous sortir de la tête.

Mais, même si j'ai aimé lire ce roman, il ne m'a pas autant fait vibrer que "Le Temps où nous chantions" de Richard Powers. Même si les thèmes se rapprochent (la musique, la condition des noirs, les années 50-60), les deux livres ne m'ont pas parlé de la même manière et cela est dû au style des auteurs: celui de Powers est poétique, majestueux, celui de Baldwin est plus cru et plus direct. Après avoir fini le livre de Powers, j'ai pleuré. En tournant la dernière page du roman de Baldwin, j'ai eu un petit pincement au coeur et un regard différent sur la ségrégation. En clair, le livre de Powers m'a touché au coeur, celui de Baldwin a chamboulé mon cerveau.

Un dernier point que je n'ai pas évoqué: New York: retrouver la ville qui ne dort jamais a été un réel bonheur: surtout qu'il m'a emmené dans le quartier d'Harlem que je ne connais pas. C'est toujours fantastique de redécouvrir cette ville à travers la littérature.

En conclusion, un roman fascinant, foisonnant, qui m'a interpellé et que je n'oublierai pas de sitôt. Même s'il ne m'a pas touché sentimentalement comme l'avait fait "Le Temps où nous chantions", il m'a donné un autre regard sur la condition des noirs aux États Unis.

James Baldwin: Harlem Quartet (Just above my head), Stock (collection "La Cosmpolite"), 694 pages, 1987,1991,1998,2003



4 commentaires:

  1. Il me tente énormément ! Merci de nous l'avoir fait découvrir !

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  2. Je l'ai lu il y a bien une vingtaine d'années et j'avais adoré ! A l'époque, j'avais trouvé que c'était un sujet vraiment méconnu.

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  3. @Joelle: Je te comprend parfaitement.

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