dimanche 15 avril 2012

A propos d'un auteur


4e de couverture: Cal Cunningham, vingt-cinq ans, travaille comme manutentionnaire dans une librairie. S’il a toujours rêvé de devenir un écrivain célèbre, il emploie pour l’instant son temps libre à draguer les filles dans les bars, prétendant réunir ainsi le matériau nécessaire à un roman autobiographique. Son colocataire, Stewart, lui avoue avoir terminé l’écriture d’un roman ! Non seulement superbe, le livre est aussi un récit détaillé de la propre vie de Cal, une restitution presque littérale des confidences qu’il a faites à Stewart ! Outré, Cal se promet d’obtenir des explications mais, le jour même, Stewart trouve la mort dans un accident de la circulation. L’aubaine est inespérée... Dans la lignée d’un Douglas Kennedy, un roman psychologique à suspense, hautement humoristique, sur l’ambition littéraire et sur la notion d’identité.

Merci à mon frère de m'avoir mis ce livre dans les mains. Je vous explique: il y a cinq ans, mon frère, ma mère et moi étions à la Rochelle (où mon frère habitait), dans un magasin qui vendait des livres d'occasion. Soudain, mon frère est tombé sur le roman de John Colapinto et il me l'a tendu en me disant: "tiens, c'est un livre qui devrait te plaire vu le titre". Malgré que je ne trouvais pas la couverture tip top (je ne la trouve toujours pas tip top mais ce n'est qu'un détail), j’ai lu la 4e de couv et je me suis dis pourquoi pas.
J'ai laissé le livre dormir pendant 5 ans dans ma PAL: pourtant c'est pas faute d'avoir voulu le lire avant mais à chaque fois que je tombais sur la couverture, j'étais pas motivé...jusqu'à il y a trois jours. Je me suis alors lancé dans ce roman et je ne le regrette pas. Ce roman est jubilatoire et plein de suspense.
Grâce au personnage de Cal, qui veut être un écrivain célèbre mais qui n'a pas écrit une ligne encore, l'auteur nous parle du monde littéraire aux Etats Unis. Ce qui m'a frappé, c'est que les agents littéraires cherchent d'abord à vendre le manuscrit à Hollywood avant de le proposer à un éditeur. Et c'est Blackie Yaeger qui nous le dit: "...j'ai envoyé le synopsis à Hollywood et,regardons les choses en face, le fric aujourd'hui,il est là bas. Le fric,et aussi le public. Parce que sauf votre respect, qui lit encore aujourd'hui? Qui a le temps? Je ne dis pas que je ne serai pas capable de vendre le livre à un éditeur, ici à New York. Je vais le vendre, et très cher, parce que ce bouquin, avec la bonne affiche et une grande star au générique, mon vieux, il va faire un carton. (p.71).
Quand j'ai lu cela, je n'ai pas été surpris mais un peu indigné. Il y a pourtant du vrai là dedans.

Pourtant, même si le roman nous parle du milieu littéraire, il nous parle surtout d'une supercherie: Cal, qui se dit écrivain et qui veut devenir célèbre, n'a pas encore écrit une ligne. Il découvre alors que son co-locataire, Stewart, a écrit un roman et que ce roman raconte tout simplement sa vie. Stewart s'est servi des anecdotes que lui racontait Cal pour en faire un roman...et un roman excellent. Cal va alors s'approprier le roman qu'il va proposer à un agent sous son nom. Le succès est à lui... Malheureusement tout ne va pas se passer comme il le voudrait et il va devoir user de beaucoup d'imagination pour se sortir de ce guêpier.
C'est un roman drôle au début et on se demande comment Cal va se sortir de cette situation puis, plus on avance,plus le livre devient un petit thriller. Heureusement l'humour est souvent là pour que l'atmosphère ne soit pas pesante.
Cal est un personnage que j'ai trouvé suffisant, qui croit qu'il est un écrivain génial mais qui jalouse son colocataire car lui a un vrai talent; il vole, il ment, il triche...et pourtant, malgré tous ses défauts, l'auteur nous le rend sympathique. Je n'ai pas espéré qu'il s'en sorte mais j'étais curieux de savoir comment il allait se dépêtrer de cette toile d'araignée.

Voilà un roman drôle, où l'auteur nous dépeint le monde littéraire d'aujourd'hui (où les gens préfèrent la célébrité au talent, quitte à voler le manuscrit d'un autre) et qui nous plonge dans une histoire haletante en mettant son héros dans mille et un imbroglio dont il va devoir se dépêtrer. Le roman se transforme alors en petit thriller sympathique qui nous fait tourner les pages et arriver à la fin très rapidement sans s'en apercevoir.
En un mot, un roman surprenant! Je ne m'attendais pas à l'apprécier autant et je me dis que j'aurai dû le sortir de ma PAL bien plus tôt. Mais mieux vaut tard que jamais, non?

John Colapinto: Auteur en sursis (About the author), Belfond, 328 pages, 2003

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