samedi 31 mai 2014

Le Temps des métamorphoses

4e de couverture: À Bulburrow Court, entre les murs épais tapissés de papillons, la vieille Virginia Stone vit recluse. Le jour ou sa soeur paraît à la porte du manoir, cinquante ans de silence vacillent. Elles ont tout à réapprendre l'une de l'autre. Mais sous les vestiges d'une enfance complice et ténébreuse, les souvenirs se muent peu à peu en de terribles révélations...

Ce roman avait tout pour (me) plaire: une ambiance cosy et inquiétante, à l'anglaise, des secrets de famille, une relation soeurale compliquée. 
Malheureusement, je n'ai pas totalement adhéré à celui-ci. C'était pourtant bien parti. Comme je vous le disais, j'aimais l'ambiance manoir anglais qui s'installait dès les premières pages; le retour de la soeur cadette au manoir familial pour que sa soeur ne vive pas seule ses vieux jours, retour qui faisait naître des flash-backs, nous faisant entrer dans le passé de la famille Stone, et qui nous ouvrait les portes de Bulburrow Court. 
Tout se passait donc bien: j'avais hâte de savoir les raisons de cette séparation de près de 50 ans, des deux soeurs. Les secrets dévoilés, m'ont semblé parfois un peu déjà vu dans d'autres romans, mais tout de même bien amené, car, si on se laisse porter, le lecteur peut être surpris. Un secret dévoilé dans le livre m'a d'ailleurs surpris: la demande de Vivien à sa soeur Virginia (demande qui découle du fait que Vivien ne peut pas fonder de famille, à cause d'une chute, chute qui est le premier souvenir marquant que nous raconte Virginia, la narratrice). 
Je passais donc des moments agréables de lecture...SAUF que la petite broche de la couverture aurait dû m'alerter et me faire fuir. 
Avant de vous dire ce qui m'a plombé la lecture de ce roman, un petit détail est à ajouter: le père des deux femmes, Clive était un chercheur- amateur d'insectes et de papillons en particulier. Il étudiait ses petites bestioles...et IL A FALLU QU'IL TRANSMETTE SA PASSION A VIRGINIA!!!! Car oui, chers lecteurs, voilà ce qui m'a littéralement gonflé! C'est que Virginia, la narratrice, passe son temps, entre deux souvenirs captivants, à nous parler pendant des pages et des pages, d'insectes et de papillons (en n'oubliant pas bien évidemment de nous donner leurs noms latins, sinon, ce ne serait pas marrant) dont le lecteur N'A STRICTEMENT RIEN A FAIRE!!!
(Hum, excusez moi, je m'emballe. Donc, on va se calmer et reprendre calmement l'écriture de ce billet)...

Voilà ce qui m'a fortement agacé: que l'auteur pollue les événements de son histoire avec des détails biologiques dont moi, lecteur, ayant fait des études littéraires et qui a en horreur tout ce qui a attrait au scientifique (si j'étais autant passionné par les sciences, j'aurai fait des études scientifiques), je me contrefiche. 
Si ces passages avaient été moins nombreux, simplement là pour expliquer une fois le métier et la passion de Virginia, passe encore, mais c'est le fait que ces passages reviennent régulièrement. C'est bien dommage car il plombe l'histoire: exemple: Virginia nous raconte un événement important de sa vie, qui me passionne. Je suis donc accroché...et voilà que la narratrice va faire une digression dans l'histoire et nous faire encore une fois l'article sur un scregneugneu de papillon qui n'a aucun intérêt dans le souvenir raconté...et qui me gâche le plaisir de la lecture. 
C'est dommage, car tout ce qui concerne les secrets de famille, la relation des deux soeurs, est bien analysée et retranscrite mais tout cela est gâché par ces passages sans intérêt, qui à la fin, me faisait souffler et grogner entre mes dents: "et c'est repartit pour un tour"! Cela casse l'intrigue et surtout, cela rend la narratrice, Virginia, insupportable. On a qu'une seule envie: qu'elle la ferme ou du moins qu'elle arrête d'étaler sa science à tout bout de champ! 

Vous l'aurez compris, j'ai un avis très très mitigé sur ce roman. Un roman qui aurait pu être passionnant, s'il n'avait pas été pollué par tous ces passages scientifiques qui n'ont aucun intérêt pour l'histoire. Un rendez-vous manqué, que je regrette d'avoir raté. J'étais tellement parti pour l'aimer ce livre...mais des papillons nocturnes de malheur ont tout gâché. 

Poppy Adams: Le temps des métamorphoses, (The Behaviour of moths), 10/18, 380 pages, 2009




Descente en librairie #44

Au mois de mai, 11 livres ont rejoint ma PAL.

02/05


La vie erratique de Gene, fils de prostituée, qui part sur les routes après avoir assassiné le souteneur de sa mère. Dans sa concision et sa violence Le Bâtard(1929), tout premier roman d'Erskine Caldwell, annonce les grands thèmes qui irrigueront ses oeuvres suivantes et est considéré comme l'un des textes fondateurs du roman noir américain.

« Ça n'a jamais été pour mon plaisir que j'ai pu voir des hommes, des femmes et des enfants naître, vivre et mourir dans la misère, l'ignorance et la dégradation. J'ai récolté le coton avec eux ; j'ai partagé leur pain ; j'ai creusé avec eux la tombe de leurs morts. Personne ne peut se considérer comme l'un d'eux à plus juste titre que moi. »
Erskine Caldwell 

3e Roman de la collection Belfond [Vintage] paru l'année dernière. Celui ci rejoint ma PAL et j'en suis ravi, car ce petit roman a l'air passionnant. 

(Reçu dans ma BAL)

Edisto ou le parcours initiatique de Simon Everson Manigault, adolescent blanc de douze ans, dans une communauté noire de Caroline du Sud. Doté d'un vocabulaire et d'une sophistication bien supérieurs à son âge, Simon observe le comportement des adultes qui l'entourent avec perplexité et humour : sa mère, la Duchesse, qui l'abreuve de littérature ; son père absent, le Géniteur ; et le Centaure, ce métis au charme magnétique qui, le temps d'un été, transformera la vie de Simon en une formidable aventure...

5e roman de la collection Belfond [Vintage], paru également l'an dernier. 
Ces deux livres complètent la collection Belfond [Vintage] qui commence à remplir mes étagères. 
Je voulais d'ailleurs remercier Brigitte des Editions Belfond, de m'avoir aider à compléter ma collection avec l'envoi de ces deux livres. 
Il ne me reste plus qu'à trouver le 4e et le 6e volume pour être à jour dans cette collection qui me donne de belles heures de lecture. 
Une collection que je vous recommande vivement. 

(Reçu dans ma BAL)

12/05

A l’aube du XIXe siècle, Henri-Louis Leroux se heurte au refus de son fils Charles de reprendre l’étude notariale familiale située entre Limousin et Périgord. Attiré par la vie parisienne, le jeune Leroux n’en fait qu’à sa tête.

De dépit, le notaire contraint sa fille Méline à épouser le fils du médecin du village. La jeune femme se soumet, même si son cœur palpite pour le ténébreux Adrien, dont le départ pour les Indes est un déchirement. Mais Méline n’a pas encore dit son dernier mot, bien décidée à trouver le bonheur.

Entre 1885 et les années 20, dans le bouleversement des mœurs et les troubles de la Grande guerre, la jeune génération tente de conquérir, malgré les secrets de famille, sa liberté…
Quand les secrets d’un village bouleversent le destin d’une famille.

Une saga Périgourdine, qui me faisait envie. Elle va probablement me rappeler de bons souvenirs de lectures. (Quand j'étais petit, j'ai été nourri aux lectures régionales, qui me faisait découvrir un monde inconnu et pourtant captivant...comme "Des Grives aux Loups" de Claude Michelet ou "La Rivière Espérance", de Christian Signol, qui était l'ateur préféré de ma grand-mère. 
(Reçu dans ma BAL)

Des femmes sont enlevées les unes après les autres. « L’homme à la porcelaine » les séquestre avant de leur faire subir l’innommable. Andrew White, jeune enquêteur succédant à son père assassiné, se retrouve propulsé à la tête de cette enquête qui prend un tour étrange quand les victimes sont découvertes avec des numéros gravés sur la peau. 
Un bourreau impitoyable, un héritage macabre entre vengeance et oubli.

Un thriller qui, au vu de la couverture (que je trouve "effrayante", au point que je me demande si je ne lirai pas ce roman avec un couvre-cahier pour la cacher, car je risque d'en faire des cauchemars) ne me tentait pas. Quand je l'ai sorti de l'enveloppe, je me suis dit qu'Eric avait fait un mauvais choix, en me l'envoyant. Puis, en lisant le résumé, j'ai changé d'avis et me suis dit: "pourquoi pas? A lire. On verra bien"...mais bon, cette couverture quand même! 
(Reçu dans ma BAL)

14/05
Deux villes.
Deux héros pris au piège. Deux histoires parallèles. Soixante-six adolescents séquestrés. Un informateur désincarné. Des sentinelles terrifiantes.
Une population exterminée. Des réalités contradictoires, qui s'effacent et changent au gré des nuits...
Que se passe-t-il à Tea Walls, petite localité américaine en apparence paisible ? 

La jeune Alexia Lincoln y mène une vie banale jusqu'au jour où elle s'aperçoit que son monde n'est que mensonge et manipulation.
Qui est-elle ? Qui sont véritablement ses parents, ses amis, ses professeurs ? Fiction, rêve ou réalité ? Au même moment, la ville de Hastings Horizon, en Californie est ravagée par une pandémie qui décime sa population à une vitesse fulgurante. D'où provient ce virus qui transforme ses victimes en zombies assoiffés de chair et de sang ? Truand notoire, Jack Soho tente vainement d'éloigner ses proches de cette malédiction et assiste, désemparé, à l'inéluctable apocalypse.
Entre souvenirs d'un braquage avorté et cavalcade échevelée sur les routes de Californie, il finira par croiser le chemin de la Prisonnière, guidé par le mystérieux F. Christian. 

Sur les traces de Matrix et d'Inception, ce livre nous plonge dans une machination tentaculaire et diabolique qui mêle expérimentation médicale militaire, intérêts financiers et pouvoir mafieux

Un roman jeunesse qui me tentait depuis sa sortie. Merci, donc à l'équipe de "La Box de Pandore", de l'avoir glissé dans ma jolie Box du mois de Mai. 

(Reçu dans ma BAL (Box de Pandore))

16/05

L’Enveloppe a valu au jeune romancier Nicolas Kolt un succès international et une notoriété dans laquelle il tend à se complaire. C’est en découvrant la véritable identité de son père et en fouillant jusqu’en Russie dans l’histoire de ses ancêtres qu’il a trouvé la trame de son premier livre. Depuis, il peine à fournir un autre best-seller à son éditrice. Trois jours dans un hôtel de luxe sur la côte toscane, en compagnie de la jolie Malvina, devraient l’aider à prendre de la distance avec ses fans. Un week-end tumultueux durant lequel sa vie va basculer…

C'est après une rencontre-dédicace avec l'auteur, ce vendredi 16 mai, à la librairie Gibert, que j'ai eu envie de lire ce roman. 
Tatiana de Rosnay est une femme admirable, charmante, et très accessible. Une rencontre-dédicace intéressante,qui m'a permis de vaincre ma timidité en posant deux questions à l'auteur (une question sur le choix du/de la traducteur/trice de ses romans anglophones. Ayant une double cutlure, je lui avait demandé si elle avait un droit de regard sur la traduction. . Elle nous a d'ailleurs raconté une anecdote sur la traduction du roman "A l'encre Russe". 
Si vous avez deux minutes je vous la raconte: La copie que le traducteur avait "pondu", (qui avait traduit "Rose") n'a pas du tout convenue à Tatiana de Rosnay. Elle a trouvé qu'il  était passé complètement à côté. Sauf qu'il avait aussi rendu sa copie en retard, par rapport à la publication. Elle a alors fait appel à une autre traductrice, qui a traduit, en urgence le roman. Tatiana lui a alors passé un coup de main, pour la traduction. Il y a donc certains passage du roman "A L'encre russe", qui ont été traduit par l'auteur elle même. Mais, elle ne se voit pas traduire ses propres romans. C'est un autre métier. 
L'autre question portait sur sa notoriété. 

Une rencontre des plus charmantes. 

(Acheté à Gibert Joseph)

28/05

 James et Ana ont passé des années à tenter l'impossible pour avoir un enfant, avant de se résigner. Alors que James reporte son affection sur Finn, son filleul de trois ans, Ana, elle, se noie dans le travail.
Et puis, un jour, le choc : les parents de Finn ont un terrible accident de voiture.
Du jour au lendemain, James et Ana deviennent les tuteurs du petit garçon.
Si James s'improvise instantanément père dévoué, les sentiments d'Ana sont beaucoup plus ambivalents. Comment faire une place à Finn tout en préservant son couple ? Comment créer l'intimité avec cet enfant qui n'est pas le sien ? Comment concilier devoir maternel et désir d'accomplissement personnel? Les femmes ne peuvent-elles se réaliser que dans la maternité ?

J'ai eu la surprise de trouver ce livre dans une grosse enveloppe qui avait élu domicile dans ma Boite à Lettres. Dès que j'ai lu le résumé, j'ai de suite deviné que ce livre allait me plaire. 
Encore une fois, Brigitte a taper juste, je le sens! 

(Reçu dans ma BAL)

Réunies par le hasard, deux femmes que tout sépare, nouent une relation d'amitié extraordinaire au fil de la plume... Le destin croisées deux femmes inoubliables ou quand celles restées à l'arrière racontent leur Seconde Guerre mondiale.
Dans la lignée du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, un premier roman drôle, touchant, au charme inouï.

Dans la lignée du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, un premier roman plein de légèreté, d'humour et de tendresse, le portrait de deux femmes attachantes, courageuses et solidaires, réunies par le hasard dans l'Amérique des années 1940.

Depuis que son mari a été appelé à rejoindre les forces alliées pour combattre en Europe, Glory Whitehall s'ennuie. Enceinte, seule avec son fils de deux ans dans sa grande demeure du Massachusetts, la pétillante jeune femme cherche une amie à qui parler.

À des centaines de kilomètres de là, en Iowa, Rita Vincenzo s'interroge : comment joindre les deux bouts dans un pays rationné ? Comment réconforter la douce Roylene, la fiancée de son fils parti pour le front ? Et, surtout, avec qui partager les angoisses et les joies du quotidien ? 
Puis un jour, Rita reçoit une lettre d'une inconnue nommée Glory, comme elle épouse de soldat.

Recettes pour lutter contre la morosité, conseils de jardinage, échange de confidences, de potins de voisinage et de secrets plus intimes... Unies par un inébranlable optimisme, Glory et Rita vont partager une intense complicité épistolaire. Et découvrir que, même dans les temps les plus difficiles, le bonheur trouve toujours un chemin. 

"Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates" avait été un coup de coeur quand je l'ai lu. Ce roman épistolaire est dans la même veine...mais se passant aux Etats Unis. Il va donc me plaire. Obligé. 
Il se trouvait dans la même enveloppe que "La vie privée des gens heureux". 
Deux belles surprises que je dois à Brigitte. Merci, merci! 
(Ce roman paraîtra en librairie le 5 juin 2014)

(Reçu dans ma BAL)

29/05
Avec cette émotion, cette simplicité à narrer le quotidien, à raviver la mémoire populaire, à exprimer le désarroi et les petits bonheurs, Robert Sabatier dresse dans Les Trompettes guerrières le portrait d'un enfant du siècle, enraciné dans sa culture paysanne, grandi dans le Paris populaire, riche de cet apprentissage du combat, de la liberté, de la camaraderie et de la responsabilité forgé au maquis, ouvert au monde, à ses désillusions, ses mystères, sa beauté. Ce livre clôt la célèbre série romanesque desAllumettes suédoises - plus de trois millions d'exemplaires vendus - oeuvre tendre et généreuse à jamais liée à son attachant héros : Olivier.

Dernier volume de la saga "Olivier" inauguré avec "Les allumettes suédoises", celui ci manquait à ma bibliothèque. Je l'ai trouvé lors d'un marché aux livres pour 1€. Il ne me restait plus qu'à trouver le tome précédent celui ci; Olivier 1940", pour avoir la saga complète. Malheureusement, la marchande de livre ne l'avait pas. Pas grave, je le trouverai une autre fois. 

(Acheté lors d'un marché aux livres)

30/05

Frieda Wroth rêve de devenir écrivain. Jeune diplômée, elle devient la dactylographe personnelle de Henry James. Romans, correspondance privée : Frieda retranscrit chaque mot dicté entre de longs silences… Si peu pour son ambition ! Quand le beau Morton Fullerton, ami de Mr James, s’immisce dans leur quotidien studieux, Frieda, sage mais audacieuse, quitte sa vie rangée et découvre l’art de la duperie.

J'avais envie de retrouver la plume de Micheil Heyns, que j'avais beaucoup apprécié dans son roman "Jours d'enfances". Quand les éditions Points m'ont proposé ce roman, j'ai tout de suite sauté sur l'occasion. De plus, c'est un roman qui parle des écrivains et de littérature (Henry James et Edith Wharton sont évoqués dans le livre). Une belle occasion de découvrir ces écrivains, dont certains livres dorment dans ma PAL. Ce livre m'incitera peut être à me plonger dans leurs livres. 

(Reçu dans ma BAL)

Comme vous le voyez, peu d'achats effectué et beaucoup de surprises trouvées dans ma BAL et qui me promettent encore de belles heures de lecture. 

Au mois prochain pour les nouvelles arrivées dans ma PAL. 


mercredi 28 mai 2014

Touchante Isabelle



Chère Isabelle,

Voilà 15 ans que j'ai fait votre connaissance. C'était avec une chanson que Luc Plamondon vous avait écrite (vous qui aviez été une si belle et touchante Marie-Jeanne, dans l'Opéra Rock Starmania):

Je t'oublierai, je t'oublierai by Isabelle Boulay on Grooveshark

J'ai été de suite touché par votre voix, puissante certes, mais surtout rempli d'émotion.
Dès que j'en ai eu l'opportunité, après ma journée de travail, au Trésor Public (pour une petite semaine), j'ai foncé chez le disquaire le plus proche et j'ai acheté votre 2e album (le premier en France): Etats d'amour.

De retour chez moi, j'ai inséré le disque dans la platine et j'ai été estomaqué. Chaque chanson était une pure merveille: votre voix retranscrivait à merveille chaque histoire: ces petits fragments de vie que vous interprétiez avec sensibilité: la grâce à l'état pure, de votre jolie voix.
Bien sûr,, certaines chansons m'ont plus parlé que d'autres:

L’Héroïne de cette histoire by Isabelle Boulay on Grooveshark
J'ai toujours été sensible à la plume de Zazie, et à ses "jeux de mots". Mais bizarrement, ceux là ne m'ont pas sauté aux yeux, à la première écoute: non, vous aviez pris la place et je me suis laissé porter par l'histoire tragique, que vous me "racontiez", en laissant couler quelques larmes.

L’Amour dans l’âme by Isabelle Boulay on Grooveshark
Toujours Zazie, il est vrai, mais une facette toujours aussi sensible.

Mais il y eu surtout celle ci, qui a su me conquérir quelques années plus tard. L'image est magnifique et votre interprétation toute en douceur est déchirante:

Le Saule by Isabelle Boulay on Grooveshark

On vous "reproche" depuis deux albums, aujourd'hui, de ne faire que des reprises...mais c'est aussi le propre d'une interprète de faire découvrir des chansons que d'autres ont chantées et de se les approprier. Dès l'album Etats d'amour, vous vous empariez de deux chansons de deux chanteurs et de deux univers différents et vous les avez fait vôtre, avec brio:

N’oubliez jamais by Isabelle Boulay on Grooveshark
Vous avez réussi a me faire aimer cette chanson (au point de l'interpréter lors d'une fête de la musique), que je trouvais fort bien chantée par Joe Cocker, mais qui ne me touchait pas comme vous avez pu le faire.

C’était l’hiver by Isabelle Boulay on Grooveshark

Votre admiration pour Cabrel transparait dans la manière de chanter "C'était l'hiver". Est ce votre interprétation de ce "classique" de Francis Cabrel qui l'a incité à vous écrire une chanson sur votre album Tout un jour?

Deux ans après cet album très réussi, vous reveniez dans la lumière avec l'album Mieux qu'ici bas.

J'ai trépigné d'impatience de retrouver votre voix avec de nouvelles chansons:
Il y avait la même sensibilité que sur l'album précédent: j'étais donc en terrain familier. Des titres comme

Mieux qu'ici bas by Isabelle Boulay on Grooveshark

ou

Parle-moi by Isabelle Boulay on Grooveshark
qui est la chanson qui va vous propulser et vous faire connaitre au grand public, sont des chansons de très bonne qualité.
Cependant, c'est une autre chanson qui me touchera au cœur (car elle me rappelle, à chaque écoute, une personne chère à mon cœur, malheureusement disparue): c'est ce que j'appelle, une "chanson à souvenirs", celle qui nous ramène à l'enfance et au temps passé:







A chaque album, vous savez me toucher et me prendre dans vos filets.

Vous êtes pour moi la plus grande interprète de notre époque: vous vivez vos chansons et vous les transmettez au public de tout votre cœur. Vous livrez votre âme à chacun d'entre nous. Vous vous mettez à nue, avec pudeur (oui, c'est un peu contradictoire, mais pourtant vrai)

Malheureusement, pour moi, je n'ai pas encore eu la chance de vous voir sur scène: j'ai eu deux rendez-vous manqué: le premier quand la version de Starmania dans laquelle vous apparaissiez, était venu dans une ville proche de la mienne. A cette époque là, je n'avais pas encore le permis et je ne voulais pas imposer mon choix à une personne ayant une voiture, (ma timidité légendaire encore une fois m'en empêchait), de m'y accompagner.
Le 2e rendez-vous manqué fut l'un de vos concerts: malheureusement pour moi, j'ai eu l'information de votre venue trop tard: quand j'ai téléphoné pour avoir des places, tout était complet.
Mais je ne désespère pas: je viendrai a votre rencontre, un jour...peut être à votre prochain récital, qui sait?

Ces derniers jours, vous êtes revenu nous voir de votre belle Province québécoise, pour nous livrer votre nouvel opus:



Reprendre les chansons du grand Serge et se les approprier, tout en gardant les textes intactes (seule la chanson Le petit garçon a été féminisé), était un défi de taille, que vous avez relevé haut la main.
Depuis 5 jours, votre disque tourne en boucle chez moi ou dans la voiture. Pourtant, c'est risqué, car il ne se passe pas une seule écoute où je n'ai pas les yeux dans l'eau. (et c'est très dangereux d'avoir la vue brouillé par les larmes, quand on conduit).
J'ai la trentaine et pourtant, je connais Serge Reggiani, avec des chansons comme Le petit garçon, Sarah, Les Loups, ou Votre fille à 20 ans,Madame Nostalgie...Pourtant, en choisissant des chansons émouvantes et sentimentales, vous avez piochée dans un répertoire qui m'était inconnu. Bien sûr, je connaissais Ma fille, Ma liberté, Il suffirait de presque rien, L'Italien...mais j'ai découvert (et beaucoup apprécié):

Les Mensonges d'un père à son fils


Si troublante dans votre voix, comme un beau message de tolérance pour "le mariage pour tous" (mais surtout un respect pour le texte de Jean-Loup Dabadie).

Mais surtout, celle qui me touche au cœur est la dernière du disque:


Votre voix nous transporte dans un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaitre. Mais, sur ce Déjeuner de soleil, c'est la voix de Jean-Loup Dabadie, qui me fait monter les larmes. Ce souvenir d'enfant, raconté d'une voix douce, me fait sentir un goût de nostalgie, qui ouvre les vannes, mais aussi le livre de mes souvenirs.

Merci Isabelle pour cet album magnifique qui nous fait (re)découvrir des chansons d'un autre temps mais qui démontre bien qu'elles sont intemporelles. Ces chansons éternelles sont des poèmes: une littérature musicale, qui nous montre que certaines chansons d'aujourd'hui, ne leur arrivent pas à la cheville.
Merci surtout, de remettre en lumière ce grand artiste qu'était Serge Reggiani. Vous avez construit un pont, que la jeune génération va traverser pour découvrir cet interprète d'exception, un peu oublié des radios et de la télévision: c'est bien dommage.

Merci Serge Reggiani.
Merci Isabelle,

Will



La Discothèque du 20e siècle #59

En 1997, Marka forme des couples atypiques...et ça marche!

Marka: Accouplés (1997)



Bassiste du groupe bruxellois Allez Allez au début des années 80, Marka fonde les Cactus en 1985, en hommage à Jaques Dutronc, son héros (avec les Clash). En 1991, Je vous dis tout est son premier album solo en français, autoproduit. Signé par la branche française du label Columbia, l'élégant Marka obtient ensuite un joli tube radiophonique avec Accouplés, étonnant exercice de style dont les paroles ne sont que des noms de personnalités, extrait de l'album Merci d'avance. Suivront l'album L'idiomatic et le live L'homme qui aimait la scène dans lequel on retrouve une étonnante version rock de Caroline, tube rap de MC Solaar. (Source: "La Discothèque du 20e siècle: 1997", Polygram Direct)

dimanche 25 mai 2014

Kestavu au ciné cette semaine? #13 (Les Films du mois de Mai 2014 (1ere partie)

Comme ce mois-ci, j'ai vu pas mal de films (l'envie de voir des films revient), j'ai décidé de faire deux parties pour les films vu au mois de Mai 2014 (Pour que cela ne fasse pas un trop long billet). La première partie, aujourd'hui, la 2e partie, la semaine prochaine.

Voici le petit rendez-vous cinéma où je parle des films vu en DVD (principalement), à la télé (très rarement) où au ciné (encore plus rarement) au mois de Mai 2014

34/Vu le 1er mai 2014


Film de David Fincher avec Brad Pitt, Edward Norton, Helena Bonham Carter, Meat Loaf... (1999)

Un film complètement barré vu pour la 2e fois. Edward Norton (qui est l'un de mes acteurs chouchous) et Brat Pitt forment un duo complémentaire. Cette fois ci, le film m'a paru plus clair que pour mon premier visionnage. De plus, j'ai compris certains détails, n'ayant plus le twist de la révélation finale. Ce qui fait, que j'ai appréhendé ce film de manière différente. Edward Norton est impressionnant (et je ne dis pas ça parce que je suis fan de lui) dans ce rôle schizophrénique.
La réalisation de David Fincher est très soignée, mais déjantée. C'est d'ailleurs ce film qui m'a donné envie de voir d'autres films de lui. (comme « Seven », (même si celui ci je l'ai visionné avant « Fight Club »), « Panic Room », « Zodiac », « Alien3 » et quelques autres.

Alors certes, ce film n'est peut être pas facile d'accès au premier abord mais j'aime la folie qui se dégage de ce long métrage et rien que pour la performance des acteurs, ce film vaut le coup d'être vu. 


35/Vu le 2 mai 2014

Film de Xavier Beauvois, avec Nathalie Baye, Jalil Lespert, Roschdy Zem, Antoine Chappey... (2005)

Je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe avec ce film. C'est la 3e fois que je le vois (je suis allé le voir à sa sortie au cinéma, et je l'ai revu lors de sa diffusion télé sur France 3, il y a un peu plus d'un an, il me semble) et il me fait toujours autant d'effet.
 Le petit lieutenant  n'est pas un policier bourrin, rempli d'action. C'est simplement un film hyper réaliste sur le métier de flic aujourd'hui. Mais surtout deux parcours : celui d'une femme flic qui revient à la PJ, après deux ans de mise au placard pour cause d'alcoolisme, et l'arrivée d'un petit lieutenant, fraîchement débarqué de l'école de police, et qui va découvrir la réalité du métier, dans la capitale.
Je trouve toujours la réalisation de Xavier Beauvois très brut de décophrage mêlé à une sobriété qui rend tout cela très touchant et brutal à la fois. J'avais ressenti la même chose avec son premier film  N'oublie pas que tu vas mourir , qui malgré les défauts dû à un premier long métrage, montrait déjà cette sobriété et cette violence dans le sujet abordé.
Jalil Lespert est parfait dans le rôle du jeune lieutenant. Pourtant, malgré son titre, ce n'est pas lui le personnage central du film. C'est Caro, la femme flic, qui commande ce groupe criminel de la PJ, qui est le pivot central et l’événement dramatique, qui arrive au delà de la première heure de film montre bien au spectateur que Nathalie Baye (bluffante de sobriété et ayant trouvé encore une fois un rôle à sa mesure, qui lui permet de montrer une fois de plus son talent) porte le film, et le poids de son personnage, sur ses frêles épaules. Pourtant, elle est très crédible en femme flic.
Un film sobre, puissant, brutal dans la réalité du métier de flic. Un film policier qui ne fait pas dans l'action mais plus dans la psychologie des personnages (même si certaines scènes d'actions sont présentes)...mais qui me marque à chaque visionnage. Un film qui ne laisse pas indifférent.


36/Vu le 7 mai 2014

Film de Sydney Lumet, avec Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Marisa Tomei, Albert Finney... (2007)

Voilà un film déconcertant.
En fait, je ne connaissais rien du film avant de le voir. Je savais seulement la présence de Phillip Seymour Hoffman et d'Ethan Hawke . Point. L'histoire m'était donc totalement inconnue.(Je savais juste qu'il y avait un braquage)
Finalement, ce n'est pas si mal de regarder un film sans rien en savoir, ni n'avoir vu aucune image. Je me suis laissé prendre par l'histoire, trouvant le début un peu nébuleux mais qui devient plus clair au fil du déroulement du film.
Un film à la construction déstructurée, qui peut nous perdre au début, mais dès que le mécanisme est connu, on suit le film en se demandant où celui ci va nous emmener.
L'histoire d'un cambriolage, qui va mal tourner et qui va progressivement détruire une famille. Le film donne alors 3 points de vue différents : ceux de Hank et d'Andy, deux frères diamétralement différent et opposés, et celui de Charles, le père des deux hommes. Eux trois, ont perdu un être cher dans ce cambriolage (l'une des premières scènes du film) qui s'avère être la même personne : sa femme pour l'un et une mère pour les deux autres.
J'ai été captivé par ce film, que j'ai trouvé excellent (mais bon, peut être que ma captation est dû au fait que je ne connaissais rien du film, donc très curieux de savoir ce qui allait se passer).
Les 3 acteurs principaux sont vraiment géniaux : Phillip Seymour Hoffman dans un rôle démesuré qui nous montre progressivement sa folie (les scènes où ce dernier perd son sang froid, sont saisissantes et m'ont laissé sans voix) ; Ethan Hawke nous montre toute la fragilité de son personnage, Hank: on a envie de le prendre dans ses bras et de le rassurer ; Albert Finney est très convaincant dans le rôle de cet homme qui, en perdant sa femme, va perdre également ses illusions et un sens à sa vie.
Je ne veux pas trop en dire, pour ne pas déflorer toute l'intrigue, car je trouve que c'est un film qu'il faut voir complètement vierge d'images et de révélations pour pouvoir l'apprécier. 
Finalement, ce fut un excellent moment de cinéma:  ce film saisissant, qui vous laisse pantois, nous  montre, la déliquescence des liens familiaux, jusqu'au point de non retour.
Admirable ! 


Je mets la bande annonce tout de même. A vous de voir si vous voulez...la voir! 

37/ Vu le 7 mai 2014

Film de Tommy Lee Jones, avec Tommy Lee Jones, Barry Pepper, Julio Cedillo, Dwight Yoakam... (2005)

Les débuts du film furent chaotiques. J'ai même eu le sentiment de ne rien y comprendre. La narration est déstructurée, passant du présent au passé sans cohésion.
Puis, progressivement, le film prend sa vitesse de croisière, les enjeux sont connus et le film devient envoûtant, à partir de trois quart d'heures de film. (qui correspond a peu près à la partie intitulée Le voyage).
Malgré ces débuts difficiles, j'ai trouvé ce film très bon (surtout pour un premier film). Les deux acteurs principaux sont vraiment géniaux : mention spéciale  à Barry Pepper, qui interprète avec brio ce jeune garde frontière arrogant et raciste. Il a vraiment la tête de l'emploi. Mais surtout, il ne va pas être épargné tout au long du film...et c'est vraiment mérité, si j'ose dire.
J'ai eu également beaucoup de plaisir à revoir January Jones (inoubliable Betty Draper de Mad Men. C'est d'ailleurs sa manière de fumer qui m'a fait la reconnaître. Elle tient ses cigarettes de la même manière) dans le rôle de la femme de Mike Norton (Barry Pepper).
Un très bon premier film, qui peut sembler lent et contemplatif par moments, mais qui est en fait captivant. Et la fin est vraiment touchante.
Une belle surprise. 


4 films différents dans le ton, mais qui ont tout de même un point commun; la violence (à des échelles différentes). 4 très bons films. 

Voilà pour ce treizième  rendez-vous du Kestavu au ciné cette semaine?

A la semaine prochaine pour d'autres films. 

Slow Qui Tue #193: Tu ne m'as pas laissé le temps

Le slow qui tue de la semaine envoie un message à un proche.

David Hallyday: Tu ne m'as pas laissé le temps


Bonne écoute!


jeudi 22 mai 2014

Noir Ego

4e de couverture: Au milieu de l’été, sur une aire d’autoroute, un homme disparaît. Il s’est littéralement volatilisé lors d’une simple halte en famille. Sa femme et ses deux enfants le recherchent désespérément avec l’aide d’un policier à la retraite rencontré par hasard.
Philippe a-t-il décidé d’abandonner sa femme et ses
enfants ? Ou alors est-il la proie de cet assassin en cavale qui sévit dans la région ? Quelles autres hypothèses pourraient expliquer cette incroyable disparition ?



Bloquée sur l’aire d’autoroute à cause d’une violente tempête, face à l’incompréhension, une famille vole en éclats. Elle va de découvertes en découvertes et comprend bientôt que chaque homme possède une face cachée et des secrets inavouables…

Noir Ego est un thriller efficace, qui vous happe dès la première page pour ne plus vous lâcher.
L'intrigue est très nébuleuse, même si, d'après son résumé, elle a l'air limpide. Mais non! Pierre Gaulon sait très bien comment captiver son lecteur: en multipliant les fausses pistes.
Dès le prologue, on ne sait pas du tout dans quoi on embarque. L'auteur va alors nous éclairer, en alternant présent et flashbacks, croit on...mais c'est pour mieux nous perdre.
Une famille, sur une aire d'autoroute, un mois de juillet. Soudainement le père, Philippe disparait, en laissant femme et enfants derrière lui. Un ancien flic, à la retraite, Frank, va alors aider Aline et ses enfants à retrouver le mari/père disparu.
Voilà, le postulat de départ. Reste maintenant au lecteur de découvrir et comprendre le comportement de Philippe. Il va alors passer d'un personnage à un autre, et découvrir tous les petits secrets de chacun.

On sent une maîtrise chez Pierre Gaulon, dans son intrigue. L'écriture est fluide et se lit très bien. Les dialogues sont efficaces et sonnent bien à nos oreilles. Le lecteur que je suis, a été pris au piège du début et à la fin. C'est un page-turner efficace, fait de chapitres courts et de plusieurs parties (une quinzaine). Un exergue accompagne d'ailleurs chaque partie, extraits rapports, de journaux.., qui renseignent le lecteur sur quel sujet va concerner chaque partie.

Cependant, j'aurai un seul petit bémol: l'auteur, en voulant garder à tout prix la solution finale intacte jusqu'au bout, va multiplier les fausses pistes (parfois les plus rocambolesques, partant dans des éléments fantastiques, qui m'ont un peu perdu, me demandant ce qu'ils faisaient là et où l'auteur voulait en venir), laissant le lecteur spectateur. Pour ma part, j'aime bien quand je lis un policier ou un thriller, être actif et chercher à savoir qui a fait quoi à qui. En fait, mener mon enquête moi-même. Ce qui ne fut pas le cas ici: Pierre Gaulon ne laisse aucune carte au lecteur pour pouvoir "jouer au détective".

Mais bon, cela n'empêche pas que j'ai passé un moment fort captivant (ben oui, ma lecture était passionnante mais pas agréable, parce qu'il se passait des choses terribles quand même!), qui m'a fait aller de surprise en surprise.

Il y a également une grande partie psychologique dans ce thriller. Chaque personnage dévoile des failles, des questionnements et des inquiétudes. L'auteur nous plonge dans leur conscience et, pour certains, dans leur plus noirs desseins. J'ai beaucoup aimé ce côté là du roman: il rend les personnages plus attachants...et terrifiants, quand certains nous dévoile leur mauvais côtés.

J'ai trouvé la fin fort bonne, pleine d'action, et laissant le lecteur que je suis dans une tension permanente...comme devant un bon polar (le fait d'avoir repris ma lecture, quelques minutes après avoir  vu le 3e volet de "Dirty Harry", avec Clint Eastwood, m'a peut être aidé à être dans de bonnes conditions): toutes les explications sont données et on démêle enfin tous les fils de l'intrigue, le brouillard se dissipant peu à peu.

Au final, un bon thriller, efficace, qui vous prend pour ne plus vous lâcher. Certes, j'ai été un lecteur passif, mais un lecteur captif, qui voulait avoir le fin mot de l'histoire...et c'est ce que l'on demande à un thriller. Une belle surprise qui me donne envie de lire le thriller précédent de Pierre Gaulon "La mort en rouge". Encore un thriller qui démontre bien que les auteurs français savent également nous faire frissonner.

Petit aparté: un grand coup de chapeau à l'équipe des Editions City pour la couverture du roman. Elle est superbe et inquiétante à la fois et donne le ton du livre.

Merci à Eric et aux Editions City pour ces moments de frissons intenses.

Pierre Gaulon: Noir Ego, Editions City, 301 pages, 2014

mercredi 21 mai 2014

La Discothèque du 20e siècle #58

En 1996, Sophie Zelmani nous fredonnait une jolie ballade.

Sophie Zelmani: Always you (1996)

Always You (Ten Tears Later) by Sophie Zelmani on Grooveshark

La charmante Sophie Zelmani, comme son nom ne nous l'indique pas, nous venait non pas d'Italie mais de...Scandinavie. Avec une voix craquante et sexy, pas très éloignée de lolitas pop rock tels que Vanessa Paradis ou Axelle Red, Zelmani fit une incursion remarquée dans le Top 50 au printemps 1996, alors que sortait dans les bacs un album portant son nom et depuis...nous sommes sans nouvelle! (Source: La Discothèque du 20e siècle: 1996", Polygram Direct)

Bonne écoute!

lundi 19 mai 2014

Après minuit (Belfond Vintage Saison 2, Volume 9)

4e de couverture: Nous sommes à Francfort, en 1936, et la ville est surexcitée. Partout des banderoles, des oriflammes, les uns ont mis leurs plus beaux habits, les autres leurs uniformes tout neufs. Le Führer vient d'arriver, il prendra la parole à l'Opéra. C'est la fête.
Gaie, vive, jolie, Suzanne Moder a dix-huit ans. Avec ses amies, elle se moque des garçons dans leurs tenues de parade. Amourettes, chansons, discussions passionnées, pourquoi ne pas s'abandonner à ce monde nouveau, enthousiaste et fascinant ?
Mais en réalité, Suzanne a peur. Certains signes l'inquiètent : la police et ses perquisitions, les juifs et leurs regards traqués, les ouvriers qui murmurent...


De livre en livre, la Collection Belfond [Vintage] m'emmène de surprise en surprise. Le roman d'Irmgard Keun en est un nouvel exemple. 
Quel choc! Ce roman est une vrai claque. Il dépeint, en une journée et une soirée de 1936, l'atmosphère de l'Allemagne nazie. 
Lors de ma lecture, j'ai vérifié, à plusieurs reprises la date de parution du livre: 1937 (!). Non,je ne rêvais pas! Ce livre, qui dépeint l'Allemagne nazie, dans ce qu'elle a de plus cruelle, et de plus malsain, a bien été écrit en 1936, et publié en 1937. 

On éteint les lampes qui éclairent la place pour que les troupes de la Reichswehr puissent paraître dans leur beau. Elles ont des casques étincelants, portent des torches enflammées et, au son des musiques militaires, dansent une espèce de ballet. [...] Dans le vaste monde bleu sombre, ces hommes dansent, noirs, tous pareils-sans visage, muets, un ballet d'ombres. J'ai vu dans un documentaire des danses guerrières nègres; elles étaient plus animées, mais la danse de la Reichwehr m'a beaucoup plu aussi. (P.59) 

Nous somme en 1937, quand Imgard Keun  écrit ces mots. 
Elle dépeint avec force et justesse, l'ambiance sombre et délétère de ces années là. Son héroïne, Suzanne, est une femme frondeuse, qui n'a pas froid aux yeux, mais qui parfois, se rend compte trop tard qu'elle a dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Comme la fois où elle affirme que le Führer transpire lors de ses discours. Où qu'elle n'aime pas entendre Göering hurler lors des discours, elle a l'impression de se faire engueuler.  Elle se retrouve alors à la Gestapo, dénoncé par sa Tante Adélaïde.

"On en vient maintenant aux choses sérieuses: j'aurai, me dit on, tenu des propos subversifs sur les discours radiodiffusés de Goering et fait sur le Führer des remarques désobligeantes. Je ne suis pas du tout surprise: c'est un sale tour de tante Adélaïde qui a tout manigancé; je l'avais compris depuis longtemps. J'essaie d'expliquer la chose; le fonctionnaire qui m'interroge prend un air grave, sévère. Je me dis que des explications ne feraient qu'aggraver mon cas. Et on me fait signer un procès verbal où je reconnais avoir dit que je ne voulais pas entendre les injures débitées par Goering à la radio. Et j'aurai di aussi que ce qu'il y avait de mieux dans les discours du Führer, c'était qu'il se mettait en sueur." (P.117)

1937!

Irmgard Keun décrit simplement,des jeunes gens, qui sont comme tout le monde, sans qu'il y ait de politique ou de grands héros. Certes, Suzanne et Gerti son amie, sont des femmes libres, qui n'aspirent qu'à vivre leurs vies comme elles l'entendent, d'aimer qui elles ont envie (Gerti tombe amoureuse de Dieter Aaron, un " sang mêlé" (de mère allemande et de père juif) mais ce ne sont pas des femmes engagées. Seulement des jeunes femmes qui vivent leur vie dans l'Allemagne des années 30. 

"Les petits amoureux fermaient les yeux en s'embrassant...Les amoureux s'embrassent presque toujours les yeux fermés. Ils n'ont pas besoin de la lumière extérieure, la flamme qui brûle en eux brille plus claire et plus ardente. Ces enfants amoureux, monsieur Aaron, fermaient les yeux parce qu'ils avaeint ainsi l'illusion puérile que s'ils fermaient les yeux et ne voyaient rien,, on ne pourrait pas non plus les voir. Les enfants croient aux contes et s'imaginent qu'ils peuvent se rendre invisibles." (P.190)

1937!

C'est Heini qui dit ses mots à l'assemblée d'amis, réunis lors d'une fête chez Liska et Algin. Heini, personnage qui m'a un peu exaspéré, par moment, par ses propos...mais qui au final, est probablement le personnage le plus honnête du roman, qui ose dire les choses telles qu'elles sont...et ce sont ces choses là que l'on connait maintenant si bien, mais qu'on ne voulait pas entendre à l'époque. 

Il y a également Algin, le frère de Suzanne, écrivain, dont les romans sont mis sur liste noire par le Parti, et qui n'arrive plus à vivre de sa plume. Car il ne peut pas se résigner à écrire sur le Führer (cela sonnerait faux de toute façon et on le verrait) mais qui, même s'il le dit, ne se résous pas à se suicider. 
Suzanne et Algin, sont les deux personnages qui représentent le mieux l'auteur du livre. Comme Suzanne, c'est une femme libre, qui connaîtra comme Algin, la douleur de  voir ses romans mis sur liste noire. (Elle connaîtra même l'exil. C'est d'ailleurs, en exil, qu'elle écrira Après Minuit. )

Il y a plusieurs scènes dans ce livre qui m'ont frappé (et qui m'ont fait revenir à cette date: 

(publié) en 1937!)

je ne vous en parlerai que d'une seule car ce fut celle qui fut  la plus frappante: le livreur du Stürmer (journal d'extrême droite) rencontre au café, Heini et Breslaüer (Suzanne assiste à la scène). Il dit que le Stûrmer lui a montré la voie par rapport aux Juifs. (Petit détail d'importance: Breslauer est juif) Il dit à l'assemblée être né sous le signe du Lion. Heini déclame alors que Breslauer est né le même mois que le livreur. Ce dernier, est alors ravi de rencontrer un "presque frère" ("Quand deux hommes nés sous le  signe du Lion se rencontrent dans le vaste monde ils sont comme deux frères (P.162) dit le livreur, bouleversé). 
Il déclare avoir inventé un bâton de sourcier, qui détecte à coup sûr les Juifs, bâton qu'il tend vers Breslauer. Alors Suzanne en profite pour mettre son grain de sel: 

"- Et qu'est ce qui arrive-je ne peux pas me retenir de poser la question-, qu'est ce qui se passe quand un homme né sous le signe du Lion est juif?
-Vous êtes jeune, dit l'homme qui me regarde un bon moment d'un air grave, vous ne pouvez pas encore comprendre tout ça. Chez les Juifs, les signes du Zodiaque sont sans action..."
J'ai envie de pleurer: je ne comprends rien à rien et je ne crois pas que je comprenne jamais rien, même quand je serai plus vieille."(P. 164)

1937! 

Cette scène montre très bien que la "Doctrine" national socialiste n'avait aucun fondement et n'était que de la poudre aux yeux. 

Ce roman est une véritable claque, qui m'a hypnotisé. J'ai du mal à exprimer ce que je ressens après la lecture de ce livre (voilà pourquoi j'ai mis en avant des passages du livre pour vous montrer pourquoi ce roman est important). 

Ce qui me frappe surtout, c'est que ce roman, (publié aux Editions Stock, en France, en 1939 (!!) n'ait pas mis la puce à l'oreille aux gens . Peut être parce que ce livre a été, comme les autres romans de Mme Keun, censurés et mis sur liste noire par le régime nazie et qu'il ne fut disponible qu'en 1949, en France, bien après les tragiques événements de la Seconde Guerre mondiale. . C'est bien dommage! Peut-être aurait il pu éviter tout ce qui s'est passé. Malheureusement, on ne peut pas refaire l'histoire. 

Voilà un roman indispensable pour comprendre l'Allemagne nazie, des années 30. Pour comprendre comment un pays comme l'Allemagne à pu être endoctriné et abusé par tout un régime. Un roman qui devrait être tout simplement étudié en classe. Il est le symbole et la photographie d'une époque révolue (?) mais qui a malheureusement existé.
 En lisant ce livre, je me suis surtout rendu compte qu'il faisait écho à notre époque: comment un parti peut, avec de beaux discours patriotiques, qui ne sont que de la poudre aux yeux, faire basculer un pays. C'est à nous d'être vigilants (et des livres comme Après Minuit de Irmgard Keun, peuvent nous aider à mieux voir et à garder notre vigilance en alerte) et de ne pas plonger dans une vague...bleue marine. (Mais, bon, je m'égare un peu...mais parfois, cela fait du bien.) 

En tout cas,il faut absolument lire ce roman. Et voici, un dernier extrait pour vous convaincre (c'est plus parlant qu'un grand discours): 

"A Cologne les hommes ont la langue bien pendue et quand ils ont bu un coup de trop, ils se mettent à discuter politique-des bêtises quoi-,à faire des plaisanteries et des remarques idiotes; ils croient être entre amis. Le lendemain ils vous ont la tête comme une citrouille et quelques envieux, dont les affaires marchent mal, court à la Gestapo ou à une permanence du Parti pour les dénoncer. Maintenant, Suzon, quand je rentre à la maison, je trouve mon Miebes assis à ronchonner dans notre chambre. "Elvire, on est comme dans un camp de concentration. -Comment que je lui dis, tu ne t'en ai pas encore aperçu, on y est tous, tout le peuple, dans un camp de concentration, il n'y a que ceux du gouvernement qui vont et viennent librement." (P.123)

Publié en 1937(!!)

Merci à Brigitte et aux Editions Belfond d'avoir remis en lumière ce roman indispensable. 

Irmgard Keun: Après Minuit (Nach Mittenacht), Belfond (Collection Belfond [Vintage]), 226 pages, 1939 (aux Editions Stock), 2014 (pour la présente édition).