mardi 11 novembre 2014

Ceux de 14

4e de couverture: Maurice Genevoix n'avait que 24 ans lorsqu'il prit le commandement d'une compagnie au mois d'août 1914. Jour après jour, tandis que se tissaient des relations faites d'entraide et de peur, il fit face à l'horreur des combats, des cadavres mutilés, de l'inimaginable. Trois balles le blessèrent grièvement et mirent fin au cauchemar. Un récit de guerre bouleversant et terriblement humain.

 Il y a quelques spoilers sur la fin du livre, mais, en même temps, ce n'est pas un simple roman. (Puis, la fin de "la guerre de Maurice Genevoix" nous ait raconté dans la 4e de couverture). De toute façon, l'intérêt de ce livre, est ailleurs. Mais, si vous ne voulez pas savoir, ne lisez pas les 3 derniers paragraphes

Ceux de 14 (qui regroupent 4 livres de l'auteur, de Sous Verdun à Les Eparges) est probablement le témoignage, le plus vivant, le plus poignant sur les premiers mois de la Première Guerre mondiale.
Peut être aussi, celui qui décrit, au plus près l'horreur (et l'absurdité) de cette guerre. 
Depuis que ce livre était dans ma PAL, j'ai toujours eu l'intention de le lire, pour le centenaire de ce conflit qui aura fait des millions de morts. C'est un témoignage vibrant, peut être même l'un des seuls écrits qui nous reste, de ce conflit, qui s'éloigne de plus en plus et dont il ne reste pratiquement plus de survivants. (c'est avec ce genre d'ouvrage, qu'on se rend compte de l'importance des livres dans la société. Car, les hommes passent, mais les écrits restent et sont là pour nous dire toute la véracité de ces moments importants de l'histoire).  
Surtout, Maurice Genevoix, grand écrivain, prend la plume pour nous raconter cet événement de l'intérieur. Il a vécu les premiers mois de la guerre, en tant que lieutenant, au plus près des combats. Il ressuscite, de sa plume vive, troublante, touchante, ses camarades, avec qui il partagea, les joies, les drames, l'attente, la peur, le froid, la pluie.

Je dois reconnaître la valeur de ces textes: ils ont été écrits par un grand écrivain: pour autant, leur lecture a été des plus difficiles. 

Le premier livre: Sous Verdun, m'a un peu laissé sur le bord de la route: dans celui ci, Maurice Genevoix décrit le départ pour le front, et les début de la guerre, qui est faite de beaucoup d'attente et de construction (des tranchées notamment). J'ai trouvé le début très fort, mais j'ai eu tout du long, une sorte de détachement, comme si je ne voulais pas m'impliquer émotionnellement.

Le 2e livre: Nuits de guerre fut mon préféré: Maurice Genevoix y décrit toujours l'attente d'un conflit qui ne vient pas, où si peu, où l'on passe d'une ligne de front, à la ligne de réserve, à l'arrière, aux jours de repos dans certaines fermes, ou maisons du coin. 

Le 3e livre: La Boue m'a étouffé:  cette boue qui envahissait tout sur son passage: les champs, les vêtements, les corps et le moral des soldats. J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre...pourtant, je ne savais pas encore ce qui m'attendait. 

Le 4e livre: Les Eparges nous plonge au coeur du combat, et du conflit. C'est pourtant, le roman qui a commencé à me lasser. En fait, je n'en pouvais plus d'être parmi ces soldats. J'étais las de tout ça et je n'avais qu'une hâte: en finir...comme tous ceux qui étaient là bas. Oui, mais, c'est ce livre là qui me bouleversera le plus, et je ne le savais pas encore (j'en ai encore les larmes aux yeux, en écrivant ces lignes): tout cela allait m'être révélé par le chapitre 3 (La Mort). 73 pages de terreur, qui me lassaient pourtant. Je n'en pouvais plus. J'avais hâte que cela finisse. Dans ce chapitre là, Maurice Genevoix, décrit plusieurs journées de combat, où les obus et les balles tombent des deux côtés, répandant la mort autour de lui. Maurice Genevoix voit tomber ses compagnons d'armes, ces amis qui partageaient cette horreur avec lui depuis presque 6 mois. L'auteur ne nous épargnera rien et nous fera vivre cela au plus près, pour nous livrer sa vision des choses.

C'est en lisant les dernières phrases de ce chapitre, qui m'a usé moralement, samedi soir, que j'ai réalisé que les personnages de papier, avec qui j'étais depuis plus d'une semaine, avaient réellement existé (Porchon, Rebiere, et tous les autres) et qu'ils étaient morts sous mes yeux. J'ai alors refermé le livre, n'en pouvant plus et  toute cette bulle fait de  chagrin et de douleur que je gardais enfoui en moi, sous cet air las et détaché, à crevée en un flot ininterrompu de larmes. Dans mon lit, à 2 heures du matin, j'ai éclaté en sanglot, comme un gamin, ne pouvant pas m'arrêter. Je venais de réaliser soudain que le roman que je lisais depuis une semaine, n'en était pas un: tout ceci avait été vrai: tous ces soldats, que j'avais vu se débattre, vivre, attendre,se battre, pour finalement mourir, avaient été sur cette terre, comme moi, il y a 100 ans. 

Le lendemain, dimanche, j'ai repris le livre pour vivre les derniers jours du lieutenant Genevoix, au plus près des combats. La plume était toujours aussi vive, et brûlante, sans concession, ne nous cachant rien, mais cela était quand même plus "apaisé", après le chapitre de La mort. Certains autres camarades de Maurice Genevoix sont encore tombés au champ d' "horreur", avant que lui même soit blessé lors d'un assaut. 
Maurice Genevoix va alors être rapatrié. Pour lui, la guerre s'est arrêté le 25 avril 1915. Du moins le croyait il, car ces quatre romans (que l'auteur à publié de 1916 à 1923) sont la preuve qu'elle est resté avec lui, tout au long de sa vie, et de son oeuvre. 

Un livre foisonnant qu'il faut lire, pour se souvenir, quitte à espacer la lecture des quatre livres, sur plusieurs mois ou années...malgré leur unité de ton, de plume et de temps. Un livre nécessaire pour ne pas oublier. Certes, il fut éprouvant, mais il m'a montré un visage humain de ce conflit qui ne le fut pourtant pas. 

Maurice Genevoix: Ceux de 14, Points, 781 pages, 1950




2 commentaires:

  1. Je ne pense pas que je les lirai mais en tout cas ton billet m'a beaucoup touchée. (je vais commencer Qui es-tu Alaska? ce soir)

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    1. Merci. En effet, je pense qu'il faut avoir le coeur bien accroché pour se plonger dans ces livres.
      Bonne lecture du John Green. Tu verras, tu risques là aussi d'être touchée au coeur avec Miles et Alaska.

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