lundi 1 décembre 2014

Le pouvoir du chien (Belfond Vintage Saison 2, Volume 12)

4e de couverture: En évoquant la lente dégradation des relations entre deux frères, que vient troubler l'arrivée d'une femme, Thomas Savage signe un huis clos d'une rare intensité psychologique, un western littéraire d'avant-garde qui scandalisa la critique lors de sa sortie en 1967 pour avoir porté atteinte au mythe du rude et viril cow-boy de l'Ouest.
Inexplicablement resté dans les limbes de l'édition pendant de longues décennies, redécouvert à la fin des années 1990, Le Pouvoir du chien est aujourd'hui reconnu comme un chef-d'oeuvre de la littérature américaine du xxe siècle.
À lire ou à relire d'urgence.


Dernier livre de la collection Belfond [Vintage] de cette 2e année, Le pouvoir du chien me faisait envie depuis longtemps (au point même qu'il dormait dans ma pal depuis deux ans, au moins). 
Encore une fois, les éditions Belfond ont réussit à extraire de leur catalogue un roman percutant et dérangeant, qui ne laisse pas indifférent. 
Cette relation entre deux frères, totalement différents, mais complémentaires, va être bouleversé par l'arrivée d'une femme. Progressivement, on va voir la "vengeance" de Phil, se mettre en place envers celle qui boulerverse tout. 
Le pouvoir du chien a la force des grands romans américains: l'Ouest se dévoile au lecteur, par des paysages magnifiques mais aussi par la violence des sentiments. Ce roman psychologique vous prend et vous tient dans ses filets pour ne plus vous lâcher, jusqu'à presque ressentir du dégoût. J'ai été parfois mal à l'aise devant le comportement de Phil, ne comprenant pas son attitude. 
Cependant, je n'ai pas eu le coup de poing escompté: serait ce dû au fait que je savais déjà la nature de Phil (son homosexualité) et le rejet de celle ci par de l'homophobie. Je le crois. En tout cas, cela à joué dans ma perception du roman. En fait, je ne m'attendais pas au déroulement des événements. J'ai trouvé le comportement de Phil nauséabond, mais en même temps, à t'il le choix? Dans les années 20, l'homosexualité ne pouvait pas être accepté, surtout dans un univers totalement masculin et viril. 
Ce qui m'a frappé dans le roman, c'est le non dit des choses: on comprend, au fil du roman,  que Phil est attiré par les hommes, mais qu'il ne peut ni le montrer et encore moins l'accepter. Cela se traduit même par de l'homophobie latente chez lui. "Il déteste tout le monde avant de se détester lui même". 
Mais voilà que Peter, le fils de Rose,  la femme de George, va débarquer: ses manières efféminés va être l'objet de moqueries de la part des cow-boys travaillant au ranch et se faire traiter de chochotte. ( cependant, un côté efféminé ne veut pas forcément dire qu'on est homo). C'est ce monde de préjugés que nous dépeint l'auteur. 

Ce huis clos psychologique va devenir étouffant mais passionnant, le lecteur que je suis prenant fait et cause pour la pauvre Rose et détestant royalement Phil: son dégoût de tout, ses moqueries, son dédain et sa jalousie me sortaient par les yeux. 
Surtout, ne vous arrêtez pas sur le premier chapitre qui est cru et assez violent, par certains côté (je n'ai jamais eu l'habitude de voir une castration de veau), car ce roman vaut la peine d'être découvert. 
C'est un "roman western" de grande envergure qui vous scotche jusqu'au final. Voilà un magnifique duel, où le gagnant n'est pas forcément celui que l'on croit. J'ai été un peu déçu au départ, car je m'attendais probablement à autre chose, mais au moment où j'ai fait le deuil de ce que j'avais imaginé, je n'ai pas pu le lâcher avant la fin. Un roman culte qui vous entraîne dans un monde dur et cruel, et qui nous dévoile, le grand Ouest américain. 

Encore une fois, un roman de la collection Belfond [Vintage] qui tient toutes ses promesses. 

Merci à Brigitte et aux  Editions Belfond de m'avoir permis de découvrir les romans de la collection Belfond [Vintage], cette année. Qu'elle continue de nous éblouir en nous faisant (re)découvrir des petites pépites littéraires, comme celle ci. 

Thomas Savage: Le pouvoir du chien (The Power of the dog), Belfond, 381 pages (avec la postface d'Annie Proulx), 2002 (pour la traduction française), 2014 (pour la présente édition)






2 commentaires:

  1. Un chef d'oeuvre de la littérature américaine? Je n'en ai jamais entendu parlé, c'est dommage ça a l'air pas mal, mais ça ne me tente pas plus que ça.

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    1. Oui, oui, un chef d'oeuvre qui était tombé dans l'oubli et que les maisons d'éditions ont redécouvert dans les années 90 (et en France dans les années 2000). Comme quoi, il est utile parfois de replonger dans une littérature oubliée pour la faire (re)découvrir. Tout le sel de cette collection aux Editions Belfond.

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