mardi 13 octobre 2015

Les haines en moins

4e de couverture: « Papa… J’ai toujours trouvé ce mot étrange. Ça sonne un peu comme une double détonation : « Pan Pan ! », les haines en moins… »
C’est de son lit d’hôpital que Sacha nous confie son histoire, le meilleur comme le pire… Celle d’un jeune homme ordinaire abîmé par la vie qui rencontre au hasard des rues parisiennes deux femmes : la première, patronne de bar de nuit haute en couleurs, fera de lui un fils. La seconde, jeune artiste de Montmartre, fera de lui un père. Enfin, Zadig, son fils, fera de lui un homme…
Une ode à la paternité tout en amour et en subtilité. Un magnifique premier roman d’une grande tendresse qui nous fait passer du rire aux larmes et nous hante encore longtemps une fois la dernière page tournée.


Plus je découvre les romans des éditions Daphnis et Chloé, plus, je me sens bien dans leurs univers. En tout cas, ces romans me donnent de bons et beaux moments de lecture. Il se dégage de ceux-ci une fraîcheur,  une originalité (pas forcément dans les thèmes abordés, mais dans la manière de les aborder), un style qui en font des livres à part. 

Les haines en moins, premier roman d'Eric Le Guilloux, ne déroge pas à la règle. J'ai été emballé par ce roman dès les premières pages (intrigué aussi par la première scène: Sacha se retrouve dans un lit d'hôpital, atteint d'une maladie orpheline, qui ne sera jamais nommée, autrement que comme "la saloperie" par Sacha. C'est de ce lit d'hôpital que Sacha va livrer au lecteur son histoire).

Ce roman est le touchant et vibrant portrait d'un gamin (Sacha) qui, un peu abandonné par sa famille (son père est souvent absent et les liens avec sa mère vont se déliter au fil du temps), va se construire, tout d'abord seul, puis au gré de rencontres. Des rencontres qui vont le former et le faire devenir un fils, tout d'abord, pour Françoise, la tenancière du Moulin, quand Sacha débarque à la capitale, puis, un homme par Betty, une artiste un peu déjantée, mais qui fera de lui un père, avec la naissance de son fils, Zadig.

Ce parcours initiatique, qui nous fait passer, sur près de 300 pages, de l'enfance à l'âge adulte, ne laisse pas le lecteur indifférent. J'ai souvent été ému par Sacha, son parcours; ses rencontres, mais c'est surtout sa relation avec son fils Zadig, qui m'a le plus touché: c'est une relation fusionnelle tellement forte et vibrante qu'on ne peut s'empêcher d'être empathique pour ces deux là. (d'ailleurs, la couverture du livre , illustrée par Gaëlle Leclerc retranscrit cela à merveille. On sent derrière ces jolis coups de crayons, toute la tendresse de ce père pour son fils).

Les différents portraits que brosse Eric Le Guilloux sonnent vrais: de Françoise à Betty, en passant par George, Charly, Angèle ou Max: chacun joue sa partition finement et, malgré la brièveté de leur passage, pour certains, , ils éclairent la vie de Sacha et laissent une trace indélébile dans l'esprit du lecteur.

Parfois, je me suis même dit: pourquoi l'auteur va aussi vite en passant les années? (car c'est tout de même 33 ans de la vie de Sacha qui nous ait raconté sur près de 300 pages) Tout ça parce que je me sentais tellement bien dans ce roman que je voulais qu'il continue encore. Seulement, Eric Le Guilloux a gardé l'essentiel et les moments importants, ceux qui compte vraiment, dans la vie de Sacha. C'est ce qui fait également sa force, son rythme. Il évite ainsi les longueurs, et c'est une chose assez rare dans un premier roman pour être souligné.

De plus, l'auteur n'oublie pas de surprendre son lecteur en lui lançant quelques petits bombes qui le surprennent et qui le tiennent en haleine jusqu'au final. Un final qui m'a choqué, je l'avoue. J'étais curieux de savoir comment Eric le Guilloux allait conclure son roman: je ne pensais pas que ce serait aussi violent. Cela m'a frappé comme un coup de poing que je me serai pris, par surprise, en plein dans la poitrine. C'est tout simplement grandiose.

Au final,  un roman qui touche au coeur et qui a fait vibrer ma corde sensible. Un roman sur l'enfance, le manque d'amour que l'on rattrape à bras le corps en la personne d'un enfant. Un roman sur l'amour filial où les liens du sang n'ont pas lieu d'être (on peut se choisir une famille, Sacha et Françoise en sont la preuve). Un roman vibrant sur l'amour paternel, immuable, incommensurable, comme une bouée que l'on prend pour ne pas se noyer, pour réparer les erreurs de ses propres parents. Un amour tellement fort que même la mort ne peut détruire. Un roman qui m'a fait pleurer à chaudes larmes.

Un des plus beaux romans de cette rentrée littéraire que je vous encourage à découvrir vivement.

Merci à Marie-Laure et aux Editions Daphnis et Chloé pour cette lecture, émotionnellement forte.



Eric Le Guilloux: Les haines en moins, Daphnis & Chloé Editions, 298 pages, 2015


2 commentaires:

  1. J'ai toujours beaucoup de mal avec les romans qui traitent de la maladie, je pense que ça me fait un peu peur, en tout cas ce que tu dis de celui-ci montre qu'il est touchant et très certainement bien écrit.

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    1. Je peux comprendre...la maladie est présente,il est vrai, mais elle est là pour lancer les souvenirs de Sacha. En revanche, elle prend une place importante à la fin du roman. C'est un livre qui ne laisse pas indifférent et à découvrir.

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