dimanche 23 octobre 2016

Les vrais héros ne portent pas de slip rouge

4e de couverture: Les sacs commencèrent alors à circuler dans les rangées. On entendait les coeurs battre. Tout le monde ne pensait qu’à une chose : sauver sa peau et sortir de ce traquenard au plus vite. Surtout, ne pas mourir pour quelques euros.
Il n’y avait que Jean-Claude qui trépignait sur son siège. Dans son supermarché du quinzième arrondissement, il n’arrêtait que des garnements qui volaient des bonbons ou des clochards qui piquaient leur litron de rouge pour la journée. Jamais encore il n’avait pu montrer ce qu’il avait réellement dans le ventre, et là, l’occasion s’offrait enfin à lui. À sa place, Steven, Chuck ou Arnold n’auraient pas hésité une seconde. C’étaient des héros, des vrais, il ne pouvait pas les décevoir après tout ce qu’ils lui avaient apporté…

L'art de la nouvelle est un art difficile à maîtriser. Ce genre littéraire est très peu prisé des lecteurs français (tellement que les éditeurs sont peu nombreux à publier des recueils de nouvelles). 
Moi même j'avoue que je n'aime pas trop les nouvelles. J'en lis peu et, à chaque fois que je le fais, j'ai toujours un sentiment de trop peu. Une sensation de rester sur ma faim. 

Quand Axel Sénéquier m'a contacté afin de me donner (à lire) de ses nouvelles, j'ai pris le temps de la réflexion. En effet, les nouvelles n'étant pas trop ma tasse de thé, je ne voulais pas partir sur un à priori négatif...mais le titre me plaisait et la "thématique du héros", fil rouge de ce recueil, me donnait envie. J'ai ainsi répondu positivement à la proposition d'Axel
Il ne me restait plus qu'à partir à la découverte de tous ces personnages, et de leur histoire, en espérant ne pas être trop frustré à la fin de chaque nouvelle. 

Je peux vous le dire, maintenant, j'ai adoré ce recueil. Axel Sénéquier m'a réconcilié avec le genre de la nouvelle: c'est bien simple, je n'ai pas ressenti ce sentiment de trop peu en arrivant à la fin. Chaque histoire se suffit à elle-même. Elles ont un début, un développement et une fin avec surtout (et c'est important pour une nouvelle): une chute réussie. 
Axel Sénéquier maîtrise la nouvelle et surtout les chutes (chose la plus difficile à trouver pour une nouvelle). Celles ci sont souvent percutantes, étonnante et m'ont laissé pantois d'admiration. 

Toutes les nouvelles parlent de héros ordinaires, des gens comme vous et moi, de milieux différents ( un vigile de supermarché fan de film d'action (Avant Première), une jeune comédienne un peu désespérée sur le fiasco de son jeu qui va reprendre confiance en elle, grâce à un commentaire sur son site (La patience des tournesols), un jeune champion d'athlétisme qui à une révélation sur ses origines avant une course (La source et l'estuaire), un ouvrier d'usine qui fait grève pour la première fois afin que l'usine où il travaille depuis plus de 30 ans, ne soit pas délocalisé (Les vrais héros ne portent pas de slip rouge), un écrivain en manque d'inspiration parce qu'il est heureux et qui va voir son psy pour qu'il lui redonnent ses névroses afin que l'inspiration revienne (Fin de thérapie) , et bien d'autres encore) qui voient leur vie basculer par un événement imprévu. 

Chaque nouvelle est un petit bijou. La plume d'Axel Sénéquier est tantôt drôle, tantôt touchante (l'une des plus émouvantes étant "Les Toiles Filantes (un homme à la retraite qui a laissé le cinéma qu'il a crée dans les mains de son fils, mais qui, chaque semaine, propose une soirée ciné dans la maison de retraite où il vit désormais), tantôt déconcertante (Le contrat)... 
Tous ces héros ordinaires, vont vivre un moment clé dans leur vie qui va tout bouleverser. Ils sont tous touchant et jamais pathétique (sauf peut être Yannick, dans Le Rôle d'une vie). Axel les rend tout simplement humain et on s'attache à eux, comme si ils faisaient partis de notre vie. Il y a de l'espoir, dans ces nouvelles, et surtout de la surprise car les chutes m'ont souvent laissé dans l'étonnement le plus total ne m'attendant pas à ça. 

Au final, un recueil de nouvelles qu'ont lit doucement, avec ravissement, en se disant qu'on pourrait très bien  croiser le vigile Jean Claude dans son magasin, William, vendeur chez Ikéa, qui a connu une certaine gloire (Me 4 You),  M. Wei pourrait être un collègue de votre usine,  rencontrer, Augustin, ce petit garçon qui fait tout pour rendre la vie d'Héloîse plus jolie (bouleversante Mille étoiles et un soleil). Tous ces héros ordinaires de notre quotidien qui traverse la vie sans trop d'encombre, vous leur garderez  une petite place dans votre esprit et votre coeur, après avoir refermé ce recueil. 

Merci à Axel Sénéquier de m'avoir fait aimer les nouvelles (et les siennes en particulier) et pour la découverte de ces fabuleux héros (extra)oridinaires.

Axel Sénéquier: Les vrais héros ne portent pas de slip rouge, Quadrature, 132 pages, 2014


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