lundi 17 avril 2017

Un monde sans moi

4e de couverture:  "Pendant vingt ans, j'ai cherché à toucher du doigt l'héroïsme sur moult champs de bataille ; et je ne savais pas que l'héroïsme dormait chaque nuit à mes côtés lorsque la guerre me donnait congé. " 

Au crépuscule de sa vie, un homme emprisonné dans le silence se raconte enfin. Dans sa traversée du siècle et de la guerre, sa boussole fut son amour d'enfance, Marie. Par sa lucidité, son humour et sa mélancolie, Michel révèle, touche après touche, une histoire empreinte d'humanité, une flèche qui va droit au coeur.


Parfois, il y a des romans qui viennent à vous, par le plus grand des hasards. Des romans sur lesquels vous ne vous seriez pas penché. Des "romans surprises" qui viennent vers vous, et qui vous touchent le coeur. 

C'est ce qui m'est arrivé avec Un monde sans moi. J'ai eu la surprise de le recevoir dans ma BAL, grâce à Eric Poupet (que je remercie encore infinimment) qui a su, d'instinct que ce roman allait m'interpeller. 

Un monde sans moi est l'un des romans les plus beaux que j'ai pu lire sur la guerre (l'un des thèmes de ce livre puisque le héros, Michel, s'engage dans l'armée et se retrouve mêlé dans le conflit franco-indochinois). Ce qui retient l'attention dans ce livre,c'est la plume de l'auteur, poétique, belle et émouvante. Franck Lucas a su trouver les mots justes pour nous parler de la guerre, avec poésie, nous relatant les combats,  surtout l'attente et le silence qui intervient juste avant, mais sans occulter la cruauté et la noirceur de la guerre. Nous sommes au plus près et on s'attache à tous ces hommes, morts, ou survivants. 

Franck Lucas alterne,en courts chapitres, les souvenirs de guerres et les souvenirs d'enfance, d'adolescence et de jeune adulte revenu du conflit, dont se souvient Michel, En fait, c'est la voix d'un vieil homme , perdu dans le silence et qui avant de mourir, décide de coucher sur papier ce qu'il a vécu. Et c'est puissant. 

J'ai aimé ce roman que j'ai lu dans un souffle, happé par les souvenirs de Michel: la mort de son père, les vacances chez sa tante, son amour d'enfant pour Marie, qui ne s'éteindra jamais, son engagement dans l'armée, son départ pour l'Indochine (qui n'est pas beaucoup traité en littérature), vers laquelle l'auteur nous emmène, en nous décrivant ces paysages magnifiques, son retour à la vie civile. Je me suis attaché à Michel, et j'ai été souvent pris par l'émotion (en particulier quand il énumère ses camarades de chambrée à la caserne qui ne reviendront pas forcément tous  d'Indochine). 

Un monde sans moi, c'est beau comme du Verlaine, avec cette nostalgie qui vous prend au coeur (car les souvenirs de vacances d'été de Michel, ses premiers émois amoureux, sont universels et parlent à tous). C'est puissant comme du Apollinaire, qui vous fait vibrer l'âme (ce morceau de musique que Michel joue dans cette maison alors qu'ils sont en pleine mission, comme si la musique suspendait le temps pour un instant) et qui ne vous épargne rien des conflits, avec des mots si beaux, pour panser les maux. Un monde sans moi, c'est tout ça et tellement  plus. 

Au final, un roman vibrant sur le destin d'un homme, qui a vécu les atrocités du siècle dernier, et qui, au soir de sa vie, décide de se raconter, dans une langue poétique et déchirante. Franck Lucas, a su concilier le personnel (en racontant l'histoire de son héros tellement humain) pour l'amener vers l'universel...car Michel, c'est  vous, moi: un homme (dans le sens humain) tout simplement, pris dans le tourbillon violent du XXè siècle. 

Merci à Eric et aux Editions Erick Bonnier pour cette merveilleuse découverte. 

Franck Lucas, Un monde sans moi, Editions Erick Bonnier, 140 pages, 2017




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