lundi 29 mai 2017

Electre 21

4e de couverture: A l’orée des années 2020, Gratien Malo règne en maître et en visionnaire sur GlobalTrotter, l’une des premières sociétés mondiales de services et de technologies numériques, de celles qui façonnent le monde, pulvérisent les records boursiers, s’immiscent dans les affaires publiques et se lancent dans les projets les plus innovants, des drones taxis aux puces cérébrales…
Mais sa femme Amélie-Solène et l’homme avec qui elle le trompe ambitionnent de prendre le contrôle de son empire et complotent pour le faire disparaître.
Le mythe d’Electre, revisité à l’ère numérique: une histoire éternelle sur la haine, la vengeance et leur violence, placée ici dans l’univers des sociétés mondialisées de technologie. Une écriture rapide, flamboyante et féroce avec en toile de fond un monde confronté aux défis d’un changement de civilisation.

Pour son 2e roman (après le fabuleux Soif de musique ), Romel change radicalement d'univers avec une réécriture moderne du mythe d'Electre. 
J'avoue, il m'a fallu du temps pour sortir ce roman de ma PAL. Je me suis posé la question de d'abord lire l'original d'Electre (celui de Sophocle), avant celui ci ou s'il pouvait se lire sans en savoir plus (je connaissais dans les grandes lignes Electre, mais ne m'était jamais penché sur cette légende). 
Après lecture, je peux dire qu'il peut se lire sans avoir lu l'origine d'Electre. 

Je dois dire que Romel réussit le tour de force de changer de genre, dès son 2e roman, quitte à déstabiliser les lecteurs qui avaient apprécié son précédent livre, sur ce prodige de musique classique. Et il réussit haut la main, avec un style très reconnaissable (tout comme pour la musique classique qui était très référencé dans son premier livre, l'univers numérique est très bien retranscrit et analysé dans ce roman; (même si ce n'est pas ce qui m'a le plus passionné, je dois dire que l'auteur sait de quoi il parle..;et il a une vision plutôt juste de ce qu'est l'univers numérique et les réseaux sociaux et ce vers quoi il tend, et cela fait un peu peur). 

Je dois dire qu'il m'a fallu un petit temps pour entrer dans le roman: Gratien était un personnage un peu trop barré par moment pour accrocher (comme le fait qu'il ait des conversations imaginaires avec de Gaulle ou Delacroix, par exemple. En fait, le livre prend de l'intérêt pour moi au moment de la rencontre entre Virgil (espion de Gratien et proche de la famille) et Alva (la chercheuse en art, atteint du syndrome d'Asperger), tous deux partant à la recherche d'un tableau de Picasso. J'ai trouvé le personnage d'Alva hyper touchant et attachant. J'ai aimé tous les passages où elle apparaît. 

En fait, le roman est construit en deux temps: un temps d'exposition des personnages, et de la recherche de ce tableau et un deuxième temps où l'intrigue de la vengeance se met en place et où le rythme devient haletant et qu'on ne peut plus lâcher le roman une seule seconde avant la fin...et on se rend compte, au final, que ce petit livre était hyper plaisant à lire. Avec des personnages déplaisant à souhait et qu'on aime détester (Amélie-Solène, Sigismond Juphrénal) ou qu'on aime  adorer comme Ludovine et Alva, citée plus haut. 

Romel choisit donc de remettre au goût du jour le mythe d'Electre pour parler de notre monde numérisé à souhait et où l'Internet prend le contrôle progressif du monde, mais pour mieux le contrebalancer en parlant d'art (avec le Picasso). C'est un peu comme si Romel tirait la sonnette d'alarme sur ce monde numérique qui produit des choses géniale (pour la santé, la recherche et bien d'autres choses), mais qui nous vampirise progressivement. C'est une belle critique de notre société moderne qui donne à réfléchir. 

Au final, un 2e roman très différent mais aussi réussit que le premier dans son genre, qui revisite avec brio le mythe d'Electre,pour parler de notre monde moderne,ce qui démontre bien encore une fois que les mythes anciens sont toujours autant d'actualité, surtout quand il parle de vengeance et de violence. Ces thèmes seront malheureusement éternels.
Un livre a découvrir et une plume (celle de Romel) qu'il faut continuer de suivre. 

Merci aux Daphnis & Chloé qui ne me déçoivent jamais. 

Romel: Electre 21, Daphnis & Chloé, 261 pages, 2017


2 commentaires:

  1. Un chroniqueur qui lit les livres qu'il critique ! C'est rare. Un chroniqueur qui possède ses propres clefs de lecture! C'est rarissime. Un chroniqueur qui interroge le texte et s'interroge lui-même: respect.Romel

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    1. Merci pour ce commentaire qui me touche beaucoup.

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