vendredi 29 septembre 2017

Rentrée Littéraire #10: Le club des pendus

4e de couverture: À Londres, les bourreaux sont de retour.
Ils ont décidé de rétablir la peine capitale.
Ils forment un étrange club avec pour modèle le célèbre bourreau anglais Albert Pierrepoint, responsable de plus de quatre cent cinquante exécutions au siècle dernier. Et c’est par la corde qu’ils ont décidé de punir violeurs d’enfants, chauffards et autres délinquants qui réussissent à échapper au système judiciaire.
La conscience du détective Max Wolfe le tourmente.
La justice est-elle vraiment là où on le croit ? Qui sont ces citoyens-vengeurs ? Pour y répondre, Max devra s’enfoncer dans les entrailles de la ville, là où les vestiges du passé ont encore une emprise sur les vivants.
Dans un Londres caniculaire, plus que jamais le bien et le mal se confondent.

3e volet des enquêtes de Max Wolfe, ce "Club des Pendus" frappe fort d'entrée de jeu et ne s'arrête pas de surprendre jusqu'à la fin. 

Pour ma part,c'est ma première incursion dans l'univers de Tony Parsons et celui de son héros, Max Wolfe. Alors, je vous rassure, même si il y a certaines allusions au passé de Max Wolfe en ce qui concerne sa vie personnelle, cela ne gâche en rien la lecture de ce polar, que vous pouvez lire sans avoir lu les premiers. 
Dès les premières pages, on est plongé direct dans l'horreur avec une première scène choc qui vous glace le sang, mais qui vous happe pour ne plus vous lâcher. Honnêtement, si j'avais été en vacances, j'aurai littéralement englouti ce polar qui peut se lire d'une traite (quand on a du temps, sauf que quand on travaille, on pose le livre à regret et on n'a qu'une hâte: y retourner pour savoir la suite). 

Le thème du roman (la loi du talion ou comment se faire justice soi-même quand la justice n'inflige pas les peines méritées aux assassins) est très dérangeant et nous fait nous poser des questions: doit on être pour les Bourreaux ou pour les victimes, qui sont de purs salauds. On oscille toujours entre les deux, et j'ai souvent été pris entre deux feux. 
Heureusement que l'intègre Max Wolfe est là pour dire que la justice est la même pour tous et que simples innocents ou immondes salauds, tous ont le droit à la même protection de la police, et que les Bourreaux qui se veulent Justiciers, sont tout de même des meurtriers aux yeux de la loi. 
Tout ça, l'auteur l'a très bien retranscrit tout au long du roman, qui, sans temps mort va nous questionner, nous harponner et nous surprendre. 

Qu'est ce que j'ai aimé les personnages de ce roman: en premier lieu, Max Wolfe, flic intègre qui tente tant bien que mal de gérer sa vie de flic et son rôle de père célibataire: sa fille, la petite Scout est adorable et on fond carrément devant elle. Il y a aussi l"inspectrice en chef Withestone, qui va vivre un événement des plus tragiques: son fils va perdre la vue après avoir reçu une bouteille en plein visage lors d'une bagarre. Elle va alors se concentrer sur son fils, en laissant Max prendre en charge l'affaire des Bourreaux. J'ai trouvé cela intéressant de se pencher sur la vie personnelle d'un des autres membres de l'équipe, surtout que celui ci avait une certaine répercussion avec l'affaire qui les occupait. Ben oui, Whitestone aurait pu vouloir se faire justice elle-même après avoir appris que les agresseurs de son fils ne seraient pas arrêtés. 
J'ai beaucoup aimé suivre toute cette équipe, de Max Wolfe, à Whitestone, en passant par Eddie Wren et Billy Greene (même si ceux ci sont moins développés niveau personnel, ils existent et on s'attache à eux. Et qui sait peut être que leur vie personnelle sera plus mis en avant dans des prochains tomes). 
En tout cas, j'aime bien dans un polar, suivre toute une équipe de flics, plutôt que l'histoire nese concentre que sur le héros. 

L'autre particularité de ce roman est ce voyage au coeur de Londres qu'il nous permet de vivre: la ville est un personnage à part entière et le côté historique de la ville prend une place importante puisque Albert Perrepoint, bourreau anglais du XXe siècle, qui sert de modèle aux bourreaux du livre, a une place prépondérante et l'auteur revient sur son parcours mais surtout sur le lieu de ces méfaits que je garderai secret pour ne pas dévoiler l'intrigue (on est dans un polar tout de même). Mais j'ai adoré découvrir Londres et son histoire à travers cette enquête où rien n'est laissé au hasard. 
Ce fut donc un plaisir de découvrir une nouvelle plume du polar anglais et un personnage fort attachant en la personne de Max Wolfe. 

Au final, un polar, assez dérangeant, mais qui nous fait nous poser plein de questions, sur le sens de la justice, la loi du talion. Des personnages attachants, une enquête maîtrisée de bout en bout qui nous réserve des surprises jusqu'à la fin. Des histoires qui trouvent leur conclusion à la fin du livre. Non, tout est parfait dans ce polar qui m'a fait passer des heures d'angoisse et de plaisir. Un auteur que je vous encourage vivement à découvrir. 
Pour ma part, je n'ai qu'une envie: découvrir les deux premières enquêtes de Max Wolfe afin de savoir ce qui lui est arrivé avant ce "Club des Pendus". 

Merci aux Editions de la Martinière pour la découverte de Tony Parsons et de son héros Max Wolfe.

Tony Parsons: Le Club des Pendus, (The Hanging Club), Editions la Martinière, 330 pages, 2017


mercredi 27 septembre 2017

La Discothèque du 20e siècle #236

En 1998, un groupe du Sentier se fait connaître avec ce "grand pardon".

Dabbatcha'zz: le Grand pardon (1998)


Ça commence comme un slow au parfum des années 80, puis les scratches annoncent la couleur: nous sommes plongés dans un rap en français sombre et lancinant: Une histoire fatale/Trop de larmes ont coulé...Particularité de ce groupe atypique: il était né dans le Sentier plutôt que dans le 93, le fief de NTM; d'où ce titre évidente référence au Yom Kippour et au film d'Alexandre Arcady avec Roger Hanin! (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1998", Polygram Direct)

Bonne écoute!



lundi 25 septembre 2017

Rentrée Littéraire #9: Tout sur le zéro

4e de couverture: C’est l’histoire de Paul, Blaise, Éloïse, Charlène et Grégoire, Martine ou Jacques, et finalement de tous ceux que l’addiction au jeu rassemble autour de la roulette des Casinos, ici de la côte atlantique. C’est l’histoire de ce défi répété à la face du destin où chaque fois on rejoue sa vie, une manière, pour peu qu’on s’y penche, de mieux s’explorer. C’est l’histoire de la souffrance humaine, qu’on croit un temps dissipée par le vertige du jeu.

Pierre Bordage délaisse la science-fiction pour s'offrir (et nous offrir) une petite parenthèse dans la littérature contemporaine et nous invite à entrer dans l'univers des Casinos. 
J'ai découvert la plume de Pierre Bordage, cette année, avec son premier roman Fantasy, "Arkane". J'avais beaucoup aimé l'univers qu'il avait mis en place et sa plume. En voyant qu'un autre livre allait sortir pour la rentrée, ni une, ni deux, j'ai voulu le découvrir...et je ne le regrette aucunement. 

Il y avait bien longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi vite: une petite journée, pour faire la connaissance de Paul, Blaise, Eloïse et Charlène.
Pourtant, le début a été détonnant, de par le style choisi par l'auteur: chaque chapitre est constitué d'une seule et même phrase, sur une dizaine de pages, les virgules donnant le rythme à cette "phrase interminable". 
Alors, je vous rassure, il ne faut qu'une vingtaine de pages, pour trouver son propre rythme et le style n'est plus un problème. Ainsi, on peut pleinement profiter de l'histoire et des personnages, nombreux, certes, mais certains ne font qu'un court passage. Seuls 4 personnages, cités plus haut, sont plus développé: Paul, soixantenaire, peintre et veuf, Blaise, la cinquantaine, qui vient de perdre sa femme d'un cancer et qui se retrouve  à élever ses enfants seul; Eloïse, une femme apparemment riche, marié à un homme élevé dans la tradition chrétienne, et Charlène, jeune trentenaire, qui travaille dans un supermarché et qui vient au Casino lors de sa pause. 
Ces quatre personnes esseulés, se retrouvent au Casino de Châteaux L'Envieux, et commencent à sympathiser, près des roulettes électroniques où ils jouent parfois des sommes folles. Progressivement, le lecteur va entrer dans leur vie et voir les couples se faire et se défaire. 

J'ai été happé très rapidement par l'histoire et n'ai pas pu lâcher le livre. Pierre Bordage décrit avec justesse l'univers de ce Casino et parle avec tendresse mais aussi tristesse, du jeu et de l'addiction qu'il provoque. Les personnages qui viennent au casino dans ce roman ne peuvent s'empêcher d'y revenir, quitte à jouer des sommes folles. Mais c'est comme une drogue, mais aussi un moyen de combler leur solitude. Car, que ce soit Paul, Blaise, Eloïse, Charlène, mais aussi Martine, dont le frère est en phase terminale d'un cancer, ou Christophe, qui a emporté toute la famille, dont son fils, dans sa passion du Casino, ils sont infiniment seuls. C'est d'ailleurs ce qui les rend touchants et que je n'ai pas eu envie de les quitter. 
Le rythme installé par Pierre Bordage dans son roman est comme plusieurs tours de roulette, on se laisse bercer par ce tourniquet, à regarder la petite bille s'élancer et espérer qu'elle retombe sur les numéros espérés. 

Alors, je vous rassure, il n'est pas besoin d'aimer le jeu et les Casinos pour apprécier ce roman: les casinos sont des lieux inconnus pour moi et je ne connais rien au jeu de la roulette; cela ne m'a pas empêché de dévorer ce roman quasi d'une traite, tellement les personnages sont attachants et l'histoire captivante, et ce, sans rebondissement intempestif. 

Au final, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce livre. Il nous parle de l'univers des casinos, par le prisme de ces joueurs compulsifs, qui n'ont que le jeu en tête, et ce, pour combler leur solitude grandissante. C'est beau, touchant, triste, il est vrai. Pourtant on continue notre lecture, comme hypnotisé par cette petite bille, qui s'envole et vole sur cette roulette pour atteindre, le zéro tant espéré par nos petits héros. 

Merci aux Editions du Diable Vauvert pour cette très belle découverte. 

Pierre Bordage: Tout sur le zéro, Editions Au diable Vauvert, 264 pages, 2017


dimanche 24 septembre 2017

Slow Qui Tue #331: Petit Franck

Le slow qui tue de la semaine tente de rassurer un petit orphelin.

François Feldman: Petit Franck



Bonne écoute!


samedi 23 septembre 2017

Rentrée Littéraire #8: Max et la grande illusion

4e de couverture: Audacieux et original, un premier roman qui nous entraîne dans un voyage rocambolesque, du Prague des années trente au Los Angeles de nos jours. Histoire d'une amitié improbable entre un enfant aux rêves plein la tête et un vieil homme perdu, une oeuvre lumineuse, pleine d'émotion, de drôlerie et d'une irrésistible tendresse.
Avant d'être un vieillard cynique et désabusé, Mosche, fils du rabbin Goldenhirsch, était le Grand Zabbatini, un illusionniste de génie. Ah, ça, il fallait le voir envoûter les foules sur les plus prestigieuses scènes européennes ! Les grands de ce monde comme les petites gens, tous, même le chancelier Hitler, se pressaient à ses spectacles.
Et puis il y eut la guerre, les camps, la honte, la fuite, l'oubli. Et Mosche coule désormais des jours mornes dans une maison de retraite miteuse à Los Angeles.

Ce qu'il ignore, c'est que quelqu'un le cherche.

Depuis que ses parents lui ont annoncé leur intention de divorcer, Max, dix ans, a le coeur brisé. L'espoir renaît le jour où il tombe sur un vieux vinyle. Sur la pochette, un drôle de personnage et un titre intrigant, Le Sortilège de l'amour éternel. La voilà, la solution ! S'il parvient à reproduire le tour, ses parents se réconcilieront. Max n'a bientôt plus qu'une idée en tête : retrouver ce magicien, le Grand Zabbatini...

Petit conseil: ne lisez que les premières lignes de la 4e de couverture si vous voulez garder le charme de la découverte. 

Le premier roman d'Emanuel Bergmann est une invitation au voyage dans la grande illusion. 
Ce conte des temps modernes nous entraîne entre le Prague du début du XXe siècle jusqu'au Los Angeles du XXIe siècle à la rencontre de deux personnages forts sympathiques et touchants: Mosche Goldenhirch (qui deviendra le grand Zabbatini), un juif tchèque qui va traverser la Seconde guerre mondiale et le petit Max, un américain dont les parents sont en pleine instance de divorce et qui va essayer par tous les moyens possibles de les remettre ensemble, quitte à utiliser la magie. 

J'avais repéré ce livre dans le programme des parutions de Belfond, mais je ne m'y était pas plus attardé que ça: le sujet me semblait intéressant mais lire encore une fois un énième livre se passant lors de  la seconde guerre mondiale (ce sujet est souvent traité en littérature) ne m'enthousiasmait pas plus que ça. 
Quelle n'a pas été ma surprise en voyant ce livre arriver chez moi, il y a quelques semaines. Je me suis alors dit:"maintenant qu'il est dans ma PAL, autant se lancer, je ne serais peut être pas à l'abri d'une belle surprise.

En effet, la belle surprise a été là car j'ai beaucoup apprécié ce roman rempli d'humour, mais également touchant, sombre et triste à la fois. Les deux jeunes personnages (Mosche qui découvre l'univers du cirque et de la grande illusion, dans l'Allemagne nazie) et Max qui essaie par tous les moyens de réconcilier ses parents, m'ont beaucoup plu, même si j'avoue une petite préférence pour Max, qui m'a beaucoup ému dans sa quête.
Beaucoup de thèmes sont abordé dans ce roman: la guerre, les tromperies, les mensonges (qui se cachent souvent derrière la magie et qui risque d'en décevoir plus d'un, surtout ceux qui ont gardé une âme d'enfant), le divorce et la douleur des enfants de voir leurs parents séparés, les camps, la mort également. Tout ça est évoqué avec un style très conte de fées. Jugez plutôt avec la première phrase du livre:

"Au début du XXe siècle, à Prague, vivait un homme du nom de Laibl Goldenhirch. C'était  une personne modeste, un rabbin, un maître des Ecritures qui s'était fait un devoir de comprendre les mystères qui nous entourent." (P.7)

Faites l'expérience de lire ce début de livre à voix haute et vous aurez l'impression de lire un conte de fées à votre enfant ou à l'enfant qui sommeille en vous. C'est délicieux, mais en même temps très troublant car l'histoire qui nous est conté n'est pas des plus roses...mais c'est souvent le cas, dans les contes de fées, n'est ce pas. Lors de ma lecture, j'ai ri, j'ai été touché, et j'ai eu peur. En clair ce roman m'a fait vivre plein de sensations. 

Le seul petit bémol dans ce livre, c'est la construction du roman: celui ci, (comme beaucoup d'autres en ce moment) alterne les deux histoires: celle du jeune Mosche, qui découvre le monde de l'illusion dans une Europe en guerre, et celle de Max, qui veut rabibocher ses parents qui viennent de se séparer. Habituellement, j'arrive à m'accommoder de ce procédé, sauf que cela ne l'a pas fait ici, et pour plusieurs raisons: la tonalité des deux histoires n'est pas la même. Celle de Mosche est sombre et triste en général et celle de Max nous plonge plutôt dans la tendresse et l'humour (c'est d'ailleurs dans cette partie que j'ai beaucoup ri). Dès que l'on quitte un moment dramatique dans la vie de Mosche, on se retrouve dans la page suivante, dans un monde plus léger, ce qui fait que nos émotions jouent au yoyo et c'est très perturbant. L'autre raison qui m'a gêné lors de ma lecture, c'est qu'on suit Mosche à deux époques différentes: le jeune Mosche, qui découvre la grande illusion, l'amour, et qui a la fouge de la jeunesse, au XXè siècle et le vieux Mosche, acariâtre, se moquant du jeune Max et se servant de lui pour retrouver un toit où vivre, puisqu'il a été viré de sa maison de retraite. Alterner ces deux visions du personnage, tellement opposées, qu'on dirait deux personnages différents, m'a fait me demander si je n'aurai pas dû lire ce livre en deux fois: lire d'abord l'histoire de Mosche au XXe siècle, puis revenir au début du livre pour lire l'histoire de Max. 
Pour ma part, je pense que l'auteur a fait une petite erreur en choisissant l'alternance des histoires. Raconter l'histoire de manière chronologique aurait été plus appropriée, et elle aurait été tout aussi forte. Mais bon, je ne peux pas revenir sur le choix de l'auteur. 

Au final, un roman aux accents de contes, fort touchant, qui nous fait passer des frissons de peurs, aux éclats de rire, en nous parlant de cette magie qui éclaire la vie des petits enfants qui croient encore aux magiciens et aux contes de fées, mais qui s'efface derrière un écran de fumée une fois qu'on est adulte. Malgré ces défauts, ce premier roman est à découvrir, de la  manière que vous voudrez. 
En lisant ce livre, on a tous envie d'être Max, ce petit garçon, qui pense que la magie peut réunir ses parents à nouveau. Si on croit à ses rêves, la réalité est plus facile et plus belle à vivre. 

Merci à Diane et aux Editions Belfond d'avoir su me convaincre de partir à la rencontre de Max et Mosche.

Emanuel Bergmann: Max et la grande illusion, (Der Trick), Belfond, 340 pages, 2017



mercredi 20 septembre 2017

La Discothèque du 20e siècle #235

En 1996, Jane Birkin reprenait des chansons de son pygmalion qu'il avait écrit pour lui même ou d'autres chanteuses, et ce fut un véritable succès.

Jane Birkin: la Gadoue (1996)


Cinq ans après la disparition de son mentor, Jane Birkin enregistrait Versions Jane, un album constitué exclusivement de chansons de Serge Gainsbourg. Chansons qu'elle n'avait jamais interprétées (exception d'une). Le but: respecter l'oeuvre originale tout en l'agrémentant de nouveaux arrangements. La chanson sans doute la plus insolite-insolite sur le bon sens du terme- fut La gadoue que Jane enregistra avec les Négresses Vertes. 30 ans plus tôt, La Gadoue avait été un succès pour une autre chanteuse anglaise de l'écurie gainsbourienne: Petula Clark. (Source: Fascicule "L'encyclopédie de la chanson française n°40", Polygram Collections)

Bonne écoute!




dimanche 17 septembre 2017

Slow Qui Tue #330: Suddenly

Le slow qui tue de la semaine a été soudainement envoûté par quelque chose contre laquelle elle ne peut rien.

Soraya: Suddenly


Bonne écoute!



samedi 16 septembre 2017

Rentrée Littéraire #7: Hillbilly Elégie

4e de couverture: Dans ce récit à la fois personnel et politique, J.D. Vance raconte son enfance chaotique dans les Appalaches, cette immense région des États-Unis qui a vu l’industrie du charbon et de la métallurgie péricliter.
Il décrit avec humanité et bienveillance la rude vie de ces « petits Blancs » du Midwest que l’on dit xénophobes et qui ont voté pour Donald Trump. Roman autobiographique, roman d’un transfuge, Hillbilly Élégie nous fait entendre la voix d’une classe désillusionnée et pose des questions essentielles. Comment peut-on ne pas manger à sa faim dans le pays le plus riche du monde ? Comment l’Amérique démocrate, ouvrière et digne est-elle devenue républicaine, pauvre et pleine de rancune ?

J.D. Vance, avocat, raconte dans ce roman autobiographique, son parcours initiatique, et nous montre une population à laquelle on ne pense pas souvent: celle des "Hillbillies" (que l'on pourrait traduire par "péquenots", (même si je trouve ce terme péjoratif), ces blancs pauvres, et plus particulièrement ceux des Appalaches, issus de la classe ouvrière. 
Entre histoire personnelle et constat politique, J.D. Vance défend cette population, qui a voté pour Trump aux dernières élections et démontre comment elle en est arrivé là. C'est également un très bel hommage que J.D. rend à sa famille, et surtout à ses grand-parents, qu'il surnommaient affectueusement Mamaw et Papaw. 
Il revient sur leur histoire, leur installation dans le Kentucky puis l'Ohio. Les enfants qu'ils ont eu (dont la mère de J.D. qui fut une femme un peu perdue et qui accumula les hommes et sombra dans la drogue). Au fil du texte, on se rend compte que si Mamaw n'avait pas été là pour prendre soin de J.D. et Lindsay (la soeur de ce dernier) ces deux là auraient peut être mal tourné. C'est elle qui leur a insufflé l'effort du travail et de croire en ses capacités. C'est grâce à elle que J.D. peut vivre son rêve américain et devenir l'homme qu'il est devenu: un avocat respectable, avec une belle petite famille, loin de ces Hillbillies qu'il a pourtant côtoyé et qu'il ne renie en aucune façon. Et ce joli livre touchant en est la preuve. 
Je m'aperçois qu'il m'est un peu difficile de trouver les mots pour parler de ce livre: le parcours de J.D. et son amour pour ses grands-parents m'a beaucoup touché. Dans sa plume on ressent tout l'amour et le respect qu'il a pour eux, et même pour sa mère,qu'il ne juge en rien, car beaucoup de pauvres blancs de cette région des Appalaches avaient la même vie qu'elle. J.D. s'en est sorti grâce à son entourage combatif et ayant le respect de l'effort,et tout ça grâce à  sa grand-mère, ce sacré personnage, qui n'hésitait pas parfois à sortir son fusil pour défendre les siens. 
Plus on avance dans le parcours de J.D., plus je me suis senti un peu en dehors du livre: le parcours universitaire et ses premiers pas d'avocats sont intéressants à découvrir mais moins fort que les passages de son enfance et son adolescence. Mais cela n'enlève rien à la beauté de ce bel hommage. 

Au final, un roman autobiographique touchant qui donne un visage à cette population blanche et pauvre des Etats Unis qui a peu à peu perdu ses illusions. C'est également un beau parcours initiatique qui démontre tout de même qu'à force de volonté et avec l'aide d'un entourage qui le soutien, on peut réaliser ses rêves et s'en sortir. Un roman plein d'espoir que je vous encourage à découvrir. 

Merci aux Editions Globe pour cette touchante découverte.

J.D. Vance: Hillbilly Elégie, (Hillbilly Elegy), Editions Globe, 288 pages, 2017



mercredi 13 septembre 2017

La Discothèque du 20e siècle #234

En 1996, ce rap servant de BO a un film avec Michelle Pfeiffer, allait déferler sur les ondes.

Coolio: Gangsta's paradise (1995)


Le second album [de Coolio] Gangsta's Paradise, fait mieux [que son premier], en particulier grâce à la chanson qui lui donne son titre, le plus gros hit rap de 1996 qui n'est rien d'autre qu'une réinterprétation du Pastime Paradise de Stevie Wonder, et qui fit un triomphe en France durant l'hiver 96, puisqu'il resta plus de 10 semaines en tête des ventes de singles. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1996", Polygram Direct)

Bonne écoute!


dimanche 10 septembre 2017

Slow Qui Tue #329: Je n'aurai pas le temps

Le slow qui tue de la semaine court après le temps, toujours trop court.

Michel Fugain: Je n'aurai pas le temps



Bonne écoute!


jeudi 7 septembre 2017

Rentrée Littérraire #6: Jusqu'à la bête

4e de couverture: Erwan est ouvrier dans un abattoir près d'Angers. Il travaille aux frigos de ressuage, dans un froid mordant, au rythme des carcasses qui s'entrechoquent sur les rails. Une vie à la chaîne parmi tant d'autres, vouées à alimenter la grande distribution en barquettes et brochettes. Répétition des tâches, des gestes et des discussions, cadence qui ne cesse d'accélérer... Pour échapper à son quotidien, Erwan songe à sa jeunesse, passée dans un lotissement en périphérie de la ville, à son histoire d'amour avec Laëtitia, saisonnière à l'abattoir, mais aussi à ses angoisses, ravivées par ses souvenirs. Et qui le conduiront à commettre l'irréparable.
Jusqu'à la bête est le récit d'un basculement, mais également un roman engagé faisant résonner des voix qu'on entend peu en littérature.

Le 2e roman de Timothée Demeillers, Jusqu'à la bête, est une véritable claque qu'on se prend en pleine figure. 

C'est toujours enthousiasmant de découvrir un nouvel auteur, qui va nous embarquer dans son univers. On se demande si la découverte sera une belle surprise. 
L'univers qu'explore Timothée dans son roman, est des plus glauque et on s'y sent un peu mal à l'aise, tellement il est ancré dans notre réalité et tellement on se reconnait dans le personnage d'Erwann. 
On suit donc  Erwann, un trentenaire, ouvrier dans un abattoir, qui, au début de roman se trouve en prison, sans que le lecteur ne sache pourquoi (cela sera dévoilé à la fn du livre)i. Dans sa cellule, il déroule le fil de ses pensées, et celui de sa vie: son boulot à l'abattoir, si mécanique, si répétitif, tellement peu emballant, et qu'il n'arrive pas à se sortir de la tête, entre le sang des bêtes, les bruits (ces fameux clacs qui font défiler les carcasses des bêtes), les mauvaises blagues des collègues, puis son histoire d'amour avec Laetitia,cette jeune étudiante, intérimaire à l'abattoir durant un été, en 2006, puis son adolescence pas toute rose, dans la banlieue de Rennes, avec son jeune frère Jonathan, qui a réussi  sa vie mieux que lui,apparemment, avec un travail , une femme (Audrey) et deux petites filles, qui sont un peu la bouée de sauvetage d'Erwann, quand il part en vacances avec eux, pour oublier le boulot et l'usine. 

Ce roman, c'est simplement l'histoire d'un naufrage, une vie qui bascule dans l'horreur la plus totale...mais aussi la plus banale...celle qui fera un article dans la rubrique "faits divers" du journal local et qui pourrait arriver à tous...et même à nous. 
En lisant Jusqu'à la bête, j'ai souvent été troublé de constater à quel point la vie d'Erwann, pouvait ressembler à la nôtre. Les histoires et les pensées qu'il raconte sur la vie à l'abattoir, a fait écho à mon propre travail. Et je me suis souvent demandé, lors de ma lecture,  ce qui avait fait que je n'avais pas (encore) péter les plombs, comme c'est le cas d'Erwann. 

Comment Timothée Demeillers a pu transformer une histoire si réelle et surtout si banale en un roman percutant et fort qui fait réfléchir? Tout simplement grâce à un style vif et nerveux, qui claque au visage du lecteur et qui rend le texte vivant. Il assène cette vérité crue, et cette banalité du quotidien pour en faire ressortir toute la tristesse abyssale qu'elle renferme. C'est pas joyeux, certes, mais c'est tellement vrai, que cela fait un peu peur par certains côtés. 
En tout cas, j'en ressors complètement hypnotisé, et un peu groggy. 

Au final, un roman noir percutant, d'un réalisme glaçant de banalité, sur un homme désabusé et hanté par son boulot, qui va le faire sombrer jusqu'au point de non retour. Un roman au style vif et saccadé, fait de phrases courtes, comme des coups de poing que le lecteur se prend en plein visage. La découverte d'un auteur à suivre, c'est certain, et que je serai curieux de retrouver (probablement avec son premier roman). Une belle découverte de cette rentrée littéraire. 

Merci aux Editions Apshalte pour la découverte de l'univers de Timothée Demeillers. 

Timothée Demeillers: Jusqu'à la bête, Editions Asphalte, 149 pages, 2017


mercredi 6 septembre 2017

La Discothèque du 20e siècle #233

En 1991, Crystal Waters se lance dans la chanson en lançant un la-da-dee-la-da-da entêtant.

Crystal Waters: Gypsy Woman (1991)



On pourrait imaginer qu'il s'agit d'un pseudonyme: son nom ne signifie-t-il pas littéralement "les eaux de cristal"? Eh bien pas du tout: nièce de la chanteuse de jazz Ethel Waters (une star des années 20 et 30 qui fut une idole de Billie Hollyday), Crystal est ingénieur diplômée en informatique lorsqu'elle se lance dans la chanson soul le temps d'une chanson dont les "la-da-dee-la-da-da" font le tour de la planète. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1991", Polygram Direct)

Bonne écoute!


mardi 5 septembre 2017

Rentrée Littéraire #5: Les Terres dévastées

4e de couverture: Au fond de la jungle mexicaine, des projecteurs s’allument en pleine nuit: un groupe de migrants, trahis par leurs passeurs, est pris d’assaut par des trafiquants. Certains sont exécutés; les autres sont stockés dans des camions pour être livrés alentour.
Sous la direction des deux chefs de bande, Estela et Epitafio, les convois prennent la route des montagnes. Ces amants contrariés jouissent des souffrances qu’ils infligent. Obsédés l’un par l’autre, ils tentent vainement de communiquer pour se dire leurs espoirs d’une nouvelle vie.
Tenu en haleine, le lecteur navigue entre les différents protagonistes: Estela et sa cargaison dans une direction, Epitafio dans une autre, son homme de main occupé à ourdir quelque vengeance, les jeunes passeurs qui répètent inlassablement leur triste tour… tandis que le chœur des migrants devient peu à peu «sans voix, sans âme et sans nom».
Dans ce récit construit avec une impeccable maîtrise, où les hommes et les femmes sont réduits à l’état de marchandises, Emiliano Monge met à nu l’horreur et la solitude, mais aussi l’amour, la loyauté et l’espérance qui animent les êtres.
Tragédie moderne à la prose rythmée, Les terres dévastées happent le lecteur dans un tourbillon aussi bouleversant que dérangeant.

Sans espoir et un amer goût de violence dans la bouche. Voilà comment pourrait être perçu le dernier roman d'Emiliano Monge. 
J'ai voulu découvrir ce livre pour sortir de ma zone de confort (la littérature américaine) pour trouver quelques chose de différent. Je crois que j'ai été servi avec ce roman mexicain. Il est bon parfois d'aller prendre des chemins de traverse qui nous font aller très loin. ici, c'est dans la violence la plus brute que l'auteur nous embarque et je dois dire que je n'étais pas préparé à ça. 
Emiliano Monge est en plein dans l'actualité avec ces migrants qui traversent la frontière mexicaine pour un monde meilleur...sauf que la jungle (ces fameuses terres dévastées) dans laquelle ils se trouvent va être un véritable enfer. Raconter l'histoire des migrants par le prisme de leur ravisseurs (car ces migrants sans noms, et sans visages vont se faire piéger par leurs passeurs, qui vont les donner à des trafiquants pour qu'ils les vendent) est une formidable idée, qui peut être à double tranchant pour le lecteur, qui se sent déstabilisé. 
En donnant un visage aux ravisseurs (Epitafio et Estela, ce couple, qui tout au long du livre va tenter de communiquer sans trop y parvenir), l'auteur m'a fait ressentir un sentiment étrange: une sorte de malaise: comment pouvais je avoir de la compassion pour ces ravisseurs et non pas pour ces pauvres gens? Tout simplement grâce à l'auteur qui leur à donner une âme, alors que la "masse de migrants" n'ont plus aucune identité et ne sont que marchandise. (C'est horrible de dire ça, mais c'est ce que j'ai ressenti envers ces gens, à qui l'auteur laisse pourtant,  parfois la parole). Seul l'un d'entre eux, Mausoléo (c'est Epitafio, qui la renommé comme cela) ce "géant" auquel Epitafio donne une chance à droit à la parole et à un nom: cette chanson, il  va la saisir et essayer de jouer double jeu avec les deux ravisseurs, Epitafio et Sepelio, afin de pouvoir s'en sortir. Il y a également une histoire de vengeance dans ce roman, sauf que sur ce coup, je n'ai pas totalement adhéré car je n'ai pas compris le ressentiment de Sepelio pour Epitafio. Peut être suis je passé à côté. Dommage, car cela créait une tension indispensable pour les enjeux de l'histoire. 
C'est un texte difficile à lire, de par la violence qui se dégage de la situation (on est dans une véritable jungle qui pue la mort à chaque pas), mais aussi de l'écriture crue de l'auteur. Pourtant, parfois, il y a des moments de lyrisme,qui m'ont charmé. Mais ils sont toujours contrebalancé par la violence verbale et physique qui émane de tout le livre. On oscille à chaque fois, entre enfer et paradis, espoir et désillusion et ce yoyo sentimental n'est pas de tout repos pour le lecteur. 
Il y a une sorte de fascination pour les personnages, pour la plupart malveillants, du livre,qui s'est formé dans mon esprit et qui m'a fait continuer ma lecture: j'ai eu envie de savoir comment tout cela allait se terminer. Ayant maintenant la réponse à cette question, je garde un goût amer dans la bouche: c'est un roman affreusement  pessimiste: la jungle m'a peu à peu englouti et je pense ne pas sortir indemne de cette lecture.
Au final, un roman percutant qui vous happe dès le départ, malgré une confusion, qui vous laisse sur le carreau, les 50 premières pages (comme si vous étiez vous même l'un des migrants du livre) et qui vous englouti dans un monde de violence, de haine et de désillusion, qui vous laisse l'esprit poisseux. Un roman dans lequel on ressort quelque peu sonné. Cette première découverte de la littérature mexicaine fut une véritable claque, qui m'a laissé KO. Un roman et une plume dévastatrice (celle d'Emiliano Monge) à découvrir ma fois, , en prenant garde toutefois, car vous risquez de prendre des coups et de ne pas en sortir indemne. 

Merci aux Editions Philippe Rey pour cette percutante découverte.

Emiliano Monge: Les Terres dévastées, (Las Tierras arrasadas), Philippe Rey, 347 pages, 2017


dimanche 3 septembre 2017

Slow Qui Tue #328: Everyday now

Le slow qui tue de la semaine se demande chaque jour maintenant, pourquoi elle l'a laissé partir.

Texas: Everyday now




Bonne écoute!