samedi 23 septembre 2017

Rentrée Littéraire #8: Max et la grande illusion

4e de couverture: Audacieux et original, un premier roman qui nous entraîne dans un voyage rocambolesque, du Prague des années trente au Los Angeles de nos jours. Histoire d'une amitié improbable entre un enfant aux rêves plein la tête et un vieil homme perdu, une oeuvre lumineuse, pleine d'émotion, de drôlerie et d'une irrésistible tendresse.
Avant d'être un vieillard cynique et désabusé, Mosche, fils du rabbin Goldenhirsch, était le Grand Zabbatini, un illusionniste de génie. Ah, ça, il fallait le voir envoûter les foules sur les plus prestigieuses scènes européennes ! Les grands de ce monde comme les petites gens, tous, même le chancelier Hitler, se pressaient à ses spectacles.
Et puis il y eut la guerre, les camps, la honte, la fuite, l'oubli. Et Mosche coule désormais des jours mornes dans une maison de retraite miteuse à Los Angeles.

Ce qu'il ignore, c'est que quelqu'un le cherche.

Depuis que ses parents lui ont annoncé leur intention de divorcer, Max, dix ans, a le coeur brisé. L'espoir renaît le jour où il tombe sur un vieux vinyle. Sur la pochette, un drôle de personnage et un titre intrigant, Le Sortilège de l'amour éternel. La voilà, la solution ! S'il parvient à reproduire le tour, ses parents se réconcilieront. Max n'a bientôt plus qu'une idée en tête : retrouver ce magicien, le Grand Zabbatini...

Petit conseil: ne lisez que les premières lignes de la 4e de couverture si vous voulez garder le charme de la découverte. 

Le premier roman d'Emanuel Bergmann est une invitation au voyage dans la grande illusion. 
Ce conte des temps modernes nous entraîne entre le Prague du début du XXe siècle jusqu'au Los Angeles du XXIe siècle à la rencontre de deux personnages forts sympathiques et touchants: Mosche Goldenhirch (qui deviendra le grand Zabbatini), un juif tchèque qui va traverser la Seconde guerre mondiale et le petit Max, un américain dont les parents sont en pleine instance de divorce et qui va essayer par tous les moyens possibles de les remettre ensemble, quitte à utiliser la magie. 

J'avais repéré ce livre dans le programme des parutions de Belfond, mais je ne m'y était pas plus attardé que ça: le sujet me semblait intéressant mais lire encore une fois un énième livre se passant lors de  la seconde guerre mondiale (ce sujet est souvent traité en littérature) ne m'enthousiasmait pas plus que ça. 
Quelle n'a pas été ma surprise en voyant ce livre arriver chez moi, il y a quelques semaines. Je me suis alors dit:"maintenant qu'il est dans ma PAL, autant se lancer, je ne serais peut être pas à l'abri d'une belle surprise.

En effet, la belle surprise a été là car j'ai beaucoup apprécié ce roman rempli d'humour, mais également touchant, sombre et triste à la fois. Les deux jeunes personnages (Mosche qui découvre l'univers du cirque et de la grande illusion, dans l'Allemagne nazie) et Max qui essaie par tous les moyens de réconcilier ses parents, m'ont beaucoup plu, même si j'avoue une petite préférence pour Max, qui m'a beaucoup ému dans sa quête.
Beaucoup de thèmes sont abordé dans ce roman: la guerre, les tromperies, les mensonges (qui se cachent souvent derrière la magie et qui risque d'en décevoir plus d'un, surtout ceux qui ont gardé une âme d'enfant), le divorce et la douleur des enfants de voir leurs parents séparés, les camps, la mort également. Tout ça est évoqué avec un style très conte de fées. Jugez plutôt avec la première phrase du livre:

"Au début du XXe siècle, à Prague, vivait un homme du nom de Laibl Goldenhirch. C'était  une personne modeste, un rabbin, un maître des Ecritures qui s'était fait un devoir de comprendre les mystères qui nous entourent." (P.7)

Faites l'expérience de lire ce début de livre à voix haute et vous aurez l'impression de lire un conte de fées à votre enfant ou à l'enfant qui sommeille en vous. C'est délicieux, mais en même temps très troublant car l'histoire qui nous est conté n'est pas des plus roses...mais c'est souvent le cas, dans les contes de fées, n'est ce pas. Lors de ma lecture, j'ai ri, j'ai été touché, et j'ai eu peur. En clair ce roman m'a fait vivre plein de sensations. 

Le seul petit bémol dans ce livre, c'est la construction du roman: celui ci, (comme beaucoup d'autres en ce moment) alterne les deux histoires: celle du jeune Mosche, qui découvre le monde de l'illusion dans une Europe en guerre, et celle de Max, qui veut rabibocher ses parents qui viennent de se séparer. Habituellement, j'arrive à m'accommoder de ce procédé, sauf que cela ne l'a pas fait ici, et pour plusieurs raisons: la tonalité des deux histoires n'est pas la même. Celle de Mosche est sombre et triste en général et celle de Max nous plonge plutôt dans la tendresse et l'humour (c'est d'ailleurs dans cette partie que j'ai beaucoup ri). Dès que l'on quitte un moment dramatique dans la vie de Mosche, on se retrouve dans la page suivante, dans un monde plus léger, ce qui fait que nos émotions jouent au yoyo et c'est très perturbant. L'autre raison qui m'a gêné lors de ma lecture, c'est qu'on suit Mosche à deux époques différentes: le jeune Mosche, qui découvre la grande illusion, l'amour, et qui a la fouge de la jeunesse, au XXè siècle et le vieux Mosche, acariâtre, se moquant du jeune Max et se servant de lui pour retrouver un toit où vivre, puisqu'il a été viré de sa maison de retraite. Alterner ces deux visions du personnage, tellement opposées, qu'on dirait deux personnages différents, m'a fait me demander si je n'aurai pas dû lire ce livre en deux fois: lire d'abord l'histoire de Mosche au XXe siècle, puis revenir au début du livre pour lire l'histoire de Max. 
Pour ma part, je pense que l'auteur a fait une petite erreur en choisissant l'alternance des histoires. Raconter l'histoire de manière chronologique aurait été plus appropriée, et elle aurait été tout aussi forte. Mais bon, je ne peux pas revenir sur le choix de l'auteur. 

Au final, un roman aux accents de contes, fort touchant, qui nous fait passer des frissons de peurs, aux éclats de rire, en nous parlant de cette magie qui éclaire la vie des petits enfants qui croient encore aux magiciens et aux contes de fées, mais qui s'efface derrière un écran de fumée une fois qu'on est adulte. Malgré ces défauts, ce premier roman est à découvrir, de la  manière que vous voudrez. 
En lisant ce livre, on a tous envie d'être Max, ce petit garçon, qui pense que la magie peut réunir ses parents à nouveau. Si on croit à ses rêves, la réalité est plus facile et plus belle à vivre. 

Merci à Diane et aux Editions Belfond d'avoir su me convaincre de partir à la rencontre de Max et Mosche.

Emanuel Bergmann: Max et la grande illusion, (Der Trick), Belfond, 340 pages, 2017



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