vendredi 24 novembre 2017

La Symphonie du hasard (Livre 1)

4e de couverture: Toutes les familles sont des sociétés secrètes. Des royaumes d'intrigues et de guerres intestines, gouvernés par leurs propres lois, leurs propres normes, leurs limites et leurs frontières, à l'extérieur desquelles toutes ces règles paraissent souvent insensées.
Comme chaque semaine, Alice Burns, éditrice new-yorkaise, s'apprête à rendre visite à son jeune frère Adam. Jadis jeune loup de Wall Street en pleine ascension, ce dernier croupit désormais en prison.
Mais cette rencontre hebdomadaire va prendre un tour inattendu. Bien décidé à soulager sa conscience, Adam révèle un secret qui pourrait bien venir rompre les derniers liens qui unissent encore leur famille.

Et Alice de replonger dans l'histoire des siens, celle d'un clan à l'image de l'Amérique : volontaire, ambitieux, assoiffé de réussite, souvent attaqué, blessé parfois, en butte à ses propres démons, mais inlassablement en quête de rachat...

Avec La Symphonie du hasard, Douglas Kennedy revient pour nous offrir une fresque monumentale sur l'histoire Américaine des Sixties - Seventies à travers une famille de la classe moyenne.
 Pour ma part, c'est la première fois que je lisais cet auteur qui a un lectorat important et fidèle. Pourtant, j'ai un livre qui dort dans ma PAL depuis une dizaine d'années, mais la grosseur du livre m'a toujours incité à ne pas sauter le pas...et je me demande pourquoi je ne l'ai pas découvert plus tôt, car La Symphonie du hasard m'a enthousiasmé dès les premières pages.
Dans ce roman fleuve (puisque celui ci n'est que le premier livre, qui en contera trois au final), on suit Alice Burns, édititrice à New York, qui décide de rendre visite à Adam son frère emprisonné, qui va lui révéler un secret qu'il gardait depuis des années et qui concerne l'accident de voiture qu'il vécut adolescent.
Cette révélation va être le point de départ des souvenirs d'Alice, qu'elle va livrer au lecteur.
Ses souvenirs débutent lors de sa dernière année de lycée où elle voit sa meilleure amie Carly subir le harcèlement de ses camarades du lycée, jusqu'à la disparition soudaine de cette dernière. Pour se continuer lors de sa première année à l'université de Bowdoin.
Ce roman fait partie pour moi de cette tradition du roman d'apprentissage par excellence, car on voit l'évolution d'Alice dans cete amérique des années 70 en plein bouleversement (entre la Guerre du Vietnam et la révolution du Chili par le général Pinochet qui voit la chute du Président Allende, le mouvement hippie, l'ombre de l'affaire du Watergate qui pointe le bout de son nez, c'est une époque tragique pour l'amérique) et qui va se révéler à elle même, en vivant plusieurs drames (entre la disparition de Carly, sa meilleure amie, son amitié avec l'un de ses professeurs Mr Hancock, qui se révèlera bien plus perturbé qu'il ne le laissait voir,son histoire d'amour avec Bob, un sportif à l'intellect appuyé qui le fait sortir du lot), Alice va vivre tout ça et bien plus encore.
Mais ce roman est aussi le roman d'une famille américiane moyenne qui n'arrive pas à se parler et qui garde bien des secrets: tout d'abord, son père, un homme d'affaires qui gère une mine à Santiago, au Chili, irlandais conservateur qui vote Nixon, un peu raciste sur les bords (même s'il s'en défend), et sa mère, juive, protectrice avec ses enfants, et surtout Adam et Peter, mais en conflit perpétuel avec Alice, qu'elle rabaisse souvent, ce qui explique le manque de confiance de l'adolescente. Ensuite, ses deux frères: Peter, l’aîné, élève studieux qui poursuit ses études à Yale Divinity, loin de la famille, démocrate et se battant pour les causes qu'il croit juste comme lutter contre la ségrégation raciale ou contre la guerre au Vietnam. Alice coupera les ponts avec lui après un événement le concernant qui va traumatiser la jeune fille. Puis Adam, joueur de hockey, qui poursuit ses études grâce au sport qu'il pratique et non pour ses compétences intellectuelles. L'accident de voiture auquel il survit, va changer sa vie. Il arrêtera ses études et partira travailler pour son père, à Santiago. Alice aura alors peu de rapport avec lui.
 Ce n'est que le début de cette fresque et elle est déjà foisonnante. Ce premier livre se focalise sur Alice, ce qui est normal puisqu'elle en est la narratrice, et sur sa première année d'université. On est en  plein coeur des années 70 (en 1972 pour être précis): le mouvement hippie, la guerre du Vietnam qui sévit encore, l'élection présidentielle où Nixon se représente, la révolution au Chili, tout ça est évoqué dans le roman et c'est en partie pour ça que j'ai adoré ce livre que j'ai lu très rapidement, tellement le style de Douglas Kennedy est fluide et addictif. J'aime les Etats Unis et en particulier les Sixties et les Seventies, et j'ai eu tout ça dans ce roman.
Alors, certes, j'ai été frustré par certaines choses comme le fait qu'Adam, qui est pourtant le déclencheur du roman avec, au début du livre,  la révélation du secret le concernant, ne soit pas si présent dans le roman car il part vite au Chili...mais c'est le propre d'un roman écrit à la première personne du singulier, nous n'avons qu'un seul point de vue: celui de la narratrice, Alice. Ce qui fait que toute la vie d'Adam au Chili reste un mystère, pour Alice qui a peu de nouvelles de son frère, et à contrario, pour le lecteur. Cela ménage un certain suspense et surtout cela nous explique qu'Adam et cette famille qui ne se parlait pas, soit un mystère pour Alice. L'autre frustration vient du fait que plusieurs questions restent en suspens à la fin, concernant Peter, Adam où Alice (même si pour elle, on sait qu'elle débute un nouveau chapitre de sa vie, ailleurs), Pourtant le récit est maîtrisé car tout ce qui concerne Bowdoin et les protagonistes qu'Alice rencontre lors de sa première année comme Bob, son petit ami, Howie, un ami homosexuel harcelé pour sa différence,, Mr Hancock, son professeur d'histoire ou Carlson, autre professeur avec qui elle aura des différends et bien d'autres que je vous laisse découvrir: tous ceux ci voient leurs intrigues se conclurent à la fin de ce premier livre (même s'il n'est pas insensé de se dire qu'Alice (et le lecteur, par l'intermédiaire de la jeune femme), puisse les recroiser dans les prochains tomes. Et c'est là où la frustration est un peu atténuée: de savoir que dans les prochains mois, je pourrais retrouver Alice et l'histoire de sa famille, qui se confond avec celle de l'Amérique et même au delà. Mais je n'en dis pas plus.
 Au final, un roman d'apprentissage comme je les aime, qui, par l'intermédiaire d'une famille moyenne, raconte l'histoire de l'Amérique des années 70 (encore meurtri par la 2nde guerre mondiale et vivant un conflit tout aussi troublant et meurtrier au Vietnam), où les contestations étaient légions et où les gens voulaient construire un monde de Paix et d'Amour, mais où la violence trouva aussi sa place, faisant de ce rêve une éternelle utopie. Un premier livre, qui nous ouvre les portes d'un campus américain, avec ses joies, ses peines, ses victoires et ses injustices. Un roman qui comblera les fans de Douglas Kennedy, mais aussi pour ceux que l'Amérique des années 70 fascinent. Un roman foisonnant où les larmes ne sont pas loin, où le suspense est toujours présent et maintenu et qui nous laisse un sentiment de frustration. Mais c'est le propre d'un premier tome. Alors vivement Mars 2018, avec la sortie du Livre 2 qui nous emmènera vers d'autres contrées, en compagnie d'Alice.

Merci aux Editions Belfond pour la découverte de cet auteur et de cette histoire américaine qui me fascine encore et toujours. 

Douglas Kennedy: La Symphonie du hasard Livre 1, (The great Wide Open), Belfond, 363 pages, 2017



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