mercredi 31 janvier 2018

La Discothèque du 20e siècle #254

En 1960, Brenda Lee connait l'un de ses plus gros succès avec cette ballade.

Brenda Lee: I'm sorry (1960)


Brenda Lee, surnommé à ses débuts, "Little Miss Dynamite", obtient son premier n°1 aux USA en 1960, à l'âge de 16 ans, avec ce titre, mais elle est déjà une superstar dans son pays. Originaire d'Atlanta, en Georgie, elle a fait ses débuts à la télévision alors qu'elle n'avais que 11 ans! En 1959, on la retrouve à Paris, programmée à l'Olympia de Bruno Coquatrix. Celui ci, lorsqu'il découvre, scandalisé, l'âge réel et la taille très menue de l'artiste, annule la première représentation. Mais l'habile manager de la petite Américaine fait courir le bruit que Brenda est une naine âgée de 32 ans; ensuite, lorsque la presse mord à l'hameçon, il jure ses grands dieux que c'est un complet mensonge! Le coup de pub est réussi et Brenda Lee remplit l'Olympia pendant 5 semaines. Lorsqu'elle revient aux Etats Unis, auréolée de ce coup d'éclat, elle vend plus d'1 million d'exemplaires de I'm sorry, un morceau qu'elle écrit et qu'elle compose toute seule comme une grande! (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1960", Polygram Direct)

Bonne écoute!


dimanche 28 janvier 2018

Slow Qui Tue #349: Love me, please love me

Le slow qui tue de la semaine se demande pourquoi celle qu'il aime se moque de son pauvre amour.

Michel Polnareff: Love me please love me 



Bonne écoute!


vendredi 26 janvier 2018

Le colis

4e de couverture: Madhu est une hijra : née dans un corps d’homme, amputée de ses attributs sexuels masculins, elle est une sorte de troisième sexe, ni homme ni femme. La quarantaine passée, après des années de prostitution, Madhu doit mendier pour vivre et rester auprès de sa gurumai, sa guide. Par l’entremise de cette dernière, Madame Padma, tenancière redoutée, lui confie une mission qu’elle ne peut refuser : s’occuper d’un colis. Les colis, ce sont ces fillettes, vendues par leurs familles pour devenir des esclaves sexuelles, à qui il faut faire comprendre que leur sort est scellé, qu’elles ne pourront jamais s’échapper de Kamathipura, le quartier rouge de Bombay.

Beaucoup de souvenirs remontent à l’esprit de Madhu : son enfance engoncée dans un corps qui n’était pas le sien, sa rencontre avec celle qui fera d’elle une hijra, le rejet de sa famille, ses années fastes, puis les regrets, la nostalgie, les remords aussi. Malmenée par la vie, éminemment lucide, Madhu raconte la noirceur du monde dans lequel elle vit. Pour autant, une petite lueur continue à lui dire qu’une rédemption est possible – si ce n’est pour elle, peut-être pour les autres.


Le dernier roman d'Anosh Irani, Le colis est l'un de ces romans qui normalement vous interpellent et dont les personnages vous laissent un souvneir impérissable. 
Enfin, ça, c'est quand vous êtes dans de bonnes conditions pour le lire. Ce qui n'était pas vraiment mon cas, ces derniers jours: la tête ailleurs avec des soucis personnels avec lesquels il faut essayer de se dépatouiller, difficile de se concentrer sur la lecture (il y avait même des jours où l'envie n'était même pas là). 

Tout ça pour dire que mon ressenti sur ce roman n'est pas de sa faute, car c'est un bon roman, sur un sujet très intéressant et que j'ai peu l'habitude de rencontrer  (le transgenre) et avec un personnage très fort en la personne de Madhu (que j'ai apprécié, même si je n'ai pas eu toute l'attention et l'empathie qu'elle aurait mérité d'avoir). Car Madhu, femme, né dans un corps d'homme,et qui devient une hijra en vendant son corps est tout de même des plus attachants. Son histoire ne peut pas laisser indifférent: elle s'est toujours senti exclu dans ce corps de garçon qui n'était pas la fille qu'elle pensait être. C'est sa rencontre avec sa  Gurumaï, qui va changer son destin. 

C'est également à la découverte d'un pays que nous invite l'auteur, et à un quartier (Kamathipura) plus particulièrement. Le voyage est alors garanti...sauf qu'il n'est pas toujours des plus plaisant: en effet, on se retrouve dans le quartier de la prostitution, que l'auteur décrit de manière fort réaliste, même si le style de l'auteur y ajoute une petite part de "poésie". Il n'en oublie pas pour autant tous les sujets dont il traite...car ils sont nombreux: la transexualité, à travers Madhu et ses collègues hijra, la prostitution et toutes les castes qui en découlent (car les bordels sont organisé par maison et chaque hijra est accompagné par sa gurumaï (sa guide); mais on parle également, avec l'apparition du "colis" (la petite fille ne sera finalement nommé que par ce patronyme (sauf quand on lui donnera un autre nom) des fillettes vendues par leur famille pour en faire des esclaves sexuelles. C'est l'un des aspects ddu livre qui m'a mis le plus mal à l'aise, mais heureusement l'auteur, par l'intermédiaire de Madhu, qui doit s'occuper de l'éducation du colis, et qui le fait plus pour la protéger que pour la patronne du bordel, rend tout ceci plus supportable: la compassion que Madhu ressent pour la petite fille, enlève ce poids de terreur qui peut nous submerger par moment. 

Tout ceci donc fut intéressant mais je n'ai pas pu m'impliquer émotionnellement dans le roman. Je trouvais ma lecture plaisante et je voulais tout de même en savoir plus sur le passé de Madhu (qui nous est raconté par flashbacks) mais aussi sur son avenir,que je ne voyais pas joyeux, mais je n'étais pas impliqué. C'est fort dommage car c'est un roman qui aurait mérité plus de mon attention. 

Au final, un  roman intéressant qui parle de sujets fort, touchant, brûlant, choquant, mais toujours décrit avec justesse par Anosh Irani, mais qui n'a pas pu m'embarquer complètement pour des soucis personnels. Peut être aurait je dû faire une pause dans ma lecture pour le lire correctement. Tant pis, pour nous (le livre, et moi). Toutefois, si vous tombez sur un exemplaire, n'hésitez pas à partir à sa découverte, il vaut le détour...et peut-être que votre voyage sera plus serein que le mien. 

Merci aux Editions Philippe Rey pour cette découverte. 

Anosh Irani: Le colis, (The Parcel), Philippe Rey, 334 pages, 2018

mercredi 24 janvier 2018

La Discothèque du 20e siècle #253

En 1960, Marilyn Monroe nous chantait cette chanson devenue un classique.

Marilyn Monroe: I wanna be loved by you (1960)


Chanson phare du film Certains l'aiment chaud avec Tony Curtis, Jack Lemmon (en jazzmen travestis) et Marilyn, ses "pou-pou-pi-dou" ont fait le tour du globe. Et pourtant la carrière de chanteuse de Norma Jean Baker (son vrai nom) ne fut pas prise au sérieux de son vivant: son suicide mystérieux en 1962, qui contribua tant à bâtir la légende de Marilyn, suscita également un énorme courant de nostalgie qui n'en finit pas, [même encore aujourd'hui] de faire des vagues. C'est comme cela qu'on a redécouvert, au gré des rééditions, ces perles que sont Diamonds are a girls best friends, My heart belongs to daddy ou ce classique absolu I wanna be loved by you! (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1960", Polygram Direct)

dimanche 21 janvier 2018

Slow Qui Tue #348: I'm sorry

Le slow qui tue de la semaine présente toutes ses excuses.

Brenda Lee: I'm sorry



Bonne écoute!


mercredi 17 janvier 2018

La Discothèque du 20e siècle #252

En 1960, une chanson américaine parlant d'un petit bikini va connaître plusieurs adaptations françaises, dont la grande gagnante sera Dalida.

Dalida: Itsy bitsy petit bikini (1960)



Dalida n'avait certainement pas oublié qu'elle avait été élue "la plus belle femme d'Egypte" lorsqu'elle a enregistré en 1960, Itsi bitsi petit bikini, chanson américaine à l'origine (Itsy bitsy teenie yellow polkadot Bikini de Brian Hyland). Grâce à Lucien Morisse, qui en avait signé l'adaptation, la chanteuse a connu un retentisant succès et, dans le même temps à contribué à lancer une mode appelée à faire recette. pour l'anecdote, souvenons nous que Johnny Hallyday a lui aussi confié à la cire, Itsi bitsi petit bikini. (Source: Fascicule "L'encyclopédie de la chanson française n°47", Polygram Collections)

Bonne écoute!


lundi 15 janvier 2018

Sous les serpents du ciel

4e de couverture: Un jour d’automne, au milieu du XXIe siècle, dans une vieille ville anonyme, quelque part entre la mer et le désert. Les premiers pans du grand barrage qui coupe en deux les Îles du Levant se fissurent. Le jour de la chute du mur, quatre hommes prennent la parole à tour de rôle et imaginent le futur.
Mais leur passé les rattrape car tous se souviennent de la mort de Walid, un adolescent qui, vingt ans auparavant, faisait voler son cerf-volant au-dessus de la frontière lorsqu’il fut pulvérisé par un drone ou une roquette, dans des conditions mal élucidées. Qui était-il réellement ? Qui l’a tué ? Pourquoi est-il mort ?
Chacun, selon son point de vue, raconte l’histoire de ce jeune révolté. Mais la voix de Walid se mêle peu à peu à celle des quatre narrateurs, pour dire le vrai sens de sa révolte. Des voix de femmes l’accompagnent dans cette quête, chantant la tristesse et la beauté d’une terre écartelée, où les hommes n’ont jamais fait que promettre la guerre et profaner la paix.
Dans ce roman d’anticipation aux accents d’épopée contemporaine, Emmanuel Ruben explore de nouveau la frontière de l’Occident et malmène la géographie réelle pour nous proposer une vision renouvelée d'une Histoire qui n'en finit pas de renaître.

Comment vais je vous parler de ce roman? Pas si simple en effet.Il ne me laisse pas indifférent, loin de là  mais vais je trouver les bons mots sur mon ressenti. Allez, je me lance. 

Comme les autres romans lu en ce début d'année 2018, je me suis lancé dans la lecture de ce livre, sans lire la quatrième de couverture. C'est alors que je me suis embarqué dans une histoire complètement déconcertante. 

Plusieurs voix vont se faire entendre et se croiser dans ce roman, (quatre voix en tout: Daniel, un moine qui a perdu la foi, Mike, un soldat chargé de la surveillance du cheickpoint 119 et qui va se retrouver face à la révolte des femmes et des enfants venus faire chuter le grand barrage qui sépare le monde en deux, Djibril, un "Border Angels" (sorte de yamakasi) qui défit l'autorité et Samuel, un agent de l'ONU, qui s'occupe de redessiner  la cartographie du monde. 
Tous ont un point commun: Walid, jeune garçon de 15 ans, mort, il y a 20 ans, au bas du grand barrage, tout ça pour un cerf volant de sa fabrication,qu'il faisait voler. C'est ce jour anniversaire de la mort de cet adolescent, devenu un martyr pour la population, que cette dernière a décidé d'agir afin de faire tomber le mur. Tous les personnages de ce roman, ayant connu Walid (Daniel l'a croisé quand il était au monastère) Mike serait l'initiateur de l'attaque qui coûta la vie au jeune garçon, Djibril était le cousin de Walid, et Samuel donnait des vieilles cartes à Walid, que ce dernier transformait en cerf-volants. 

A leur manière, chacun va raconter la vie de cet adolescent, et en  même temps l'auteur nous raconte   la révolte des femmes qui se met en place. Tout ça mis en scène et écrit d'une manière fort belle et poétique par Emmanuel Ruben. Oui, mais voilà qu'un retournement de situation vient tout faire basculer: avant la fin de la première partie: Walid se manifeste pour donner sa vision des choses, comme si celui ci avait une vie propre et prenait le contrôle du roman, au grand dam de l'auteur. J'ai trouvé cela très fort de la part d'Emmanuel Ruben: nous montrer que ses personnages, et en particulier Walid, avait une âme et une vie propre et qu'il n'était pas seulement  personnages de papier. 

C'est aussi en cela que je trouve ce roman déconcertant: dans sa forme, dans ses choix, mais aussi dans son écriture que j'ai trouvé des plus magnifiques: il se dégage une telle poésie dans ce monde pas si futuriste que cela, car, par le biais de l'anticipation, Emmanuel Ruben parle des maux de notre société actuelle: la surveillance des drones, le terrorisme et la peur qui s'insinue, les inégalités entre les peuples (ici, signifié par ce grand barrage de béton qui sépare le monde en deux (et qui rappelle fortement, le Mur de Berlin ou celui de l'Atlantique et plus proche de nous: ce fameux mur que Trump veut faire ériger à la frontière du Mexique) mais ici à échelle mondiale). Emmanuel Ruben redessine notre monde et lui donne une image qui pourrait s'avérer réelle dans quelques années si on n'y prend pas garde. 

Un roman qui sort de l'ordinaire et très original, dans la forme et le fond, qui bouscule, interroge et déconcerte (c'est vraiment le mot qui ressort) avec une intrigue maîtrisée jusqu'au bout et qui emmène le lecteur vers des chemins sinueux dont le point central est un adolescent de 15 ans, qui fabriquait des cerf-volants et s'inventait un archipel juste pour l'amour de Nida, sa cousine. 

Une belle découverte qui m'a beaucoup surprise et dont j'ai vraiment du mal à retranscrire mon ressenti, tellement il m'a décontenancé. Un roman français qui sort des sentiers battus et qui nous interroge sur notre monde actuel, qui part à la dérive. 

Emmanuel Ruben: Sous les serpents du ciel, Rivages, 317 pages, 2017

 

dimanche 14 janvier 2018

Slow Qui Tue #347: More than I can bear

Le slow qui tue de la semaine est rongé par la jalousie.

Matt Bianco: More than I can bear



Bonne écoute!


mercredi 10 janvier 2018

Entraves

4e de couverture: Enfant, Ilario fut chahuté par ses camarades de classe et aura souffert de la rudesse de son père. Adulte, il reproduira ce même schéma de domination poussant sa femme, Emma, jusqu'à l'internement en psychiatrie. 
Alternant flash-backs et scènes d'hôpital, "Entraves" décrypte un cheminement lourd de conséquences, pointant du doigt faiblesse et machiavélisme. Un roman sur la perversion narcissique, sombre, criant de vérité et diaboliquement rythmé.

La découverte de ce roman d'Alexandra Coin, je la dois à Séverine de la chaîne Il est bien ce livre, qui m'avait vraiment donner envie de le lire. 

Et qu'est ce que j'ai bien fait. Ce roman est tout simplement une claque monumentale sur un sujet difficile à traiter (la perversion narcissique) car on pourrait tomber dans des clichés. Mais là, pas du tout. Alexandra Coin sait de quoi elle parle, et elle va nous plonger dans le cauchemar d'Emma, jusqu'au malaise. 

L'intrigue principale se déroule dans un hôpital psychiatrique: Emma est enfermée ici depuis quelques semaines, quand débute le roman et le lecteur va découvrir, à l'aide de flash-backs comment elle en est arrivée là. 
Au delà de l'intrigue qui tient bien en haleine, c'est le  schéma qu'à choisi l'auteure pour nous parler de ces pervers narcissiques qui détruisent les vies des personnes qui les entourent, que je retiens: Alexandra Coin a choisi le procédé des flash-backs, en alternance avec les passages en HP, pour nous raconter le calvaire qu'à connu Emma aux côtés d'Illario, son mari. Le lecteur est ainsi intrigué par le passé de cette dernière, puis horrifié par la vie qu'elle mène aux côtés de ce monstre, jusqu'à être mal à l'aise. Honnêtement, je ne prenais aucun plaisir à découvrir les nouvelles perversions d'Illario. Mais ils étaient  des passages obligés pour comprendre la déchéance d'Emma. 
Le fait que les passages en HP, soit raconté du point de vue d'Emma, fait qu'on s'attache à elle, encore plus, et que l'on compatit à sa douleur. 

Je découvrais donc son calvaire qui se déroule progressivement, et là, à la fin de la première partie, le twist de malade qui vous fait douter...de tout ce que vous avez lu jusqu'à présent. 
C'est alors dans une deuxième partie que le roman psychologique se transforme en un thriller qui vous tient en haleine jusqu'au final. C'est totalement bluffant et maîtrisé, que ce soit du côté du thriller, que sur la question de la perversion narcissique. 

Au final, un roman psychologique sur un sujet délicat, mais dont il faut parler (la perversion narcissique) maîtrisé de bout en bout par son auteure, du point de vue intrigue, mais aussi du côté des personnages bien dessiné et complexe (Emma a une vraie âme et n'est pas qu'un personnage de papier, qu'on oubliera en refermant le livre),qui vous renverse avec un twist de milieu de livre que je n'attendais pas, et qui n'est pas juste là pour faire un effet, puisqu'il a une explication à la fin. 
Une magnifique découverte qui m'a remué et qui m'a sorti de mon petit confort de lecture...et quelquefois,d'être un peu bousculé, ça fait du bien. 

Alexandra Coin: Entraves, Aconitum, 233 pages, 2016


La Discothèque du 20e siècle #251

En 1941, un titre de Glenn Miller allait mettre un peu de joie dans le coeur de la France occupée par les allemands.

Glenn Miller: In the mood (1941)


Lancé dès 1935 par Benny Goodman, alias le "Roi du Swing", le style big band jazz mélangeant habilement les influences noires (hot,rapide,vigoureux) et le genre plus "variété" des orchestres de danse traditionnelles, va bientôt faire des émules. D'autres chefs d'orchestre blancs comme Jimmy et Tommy Dorsey, Jimmie Lunceford et Glenn Miller connaissent un succès international: In the mood, publié en 1941 va devenir en France un des plus gros tubes de la Libération. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1940/49", Polygram Direct)

Bonne écoute!





dimanche 7 janvier 2018

La Route au tabac (Belfond Vintage Saison 5, Volume 29)

4e de couverture: — Dieu a peut-être bien voulu que les choses soient ainsi, dit Jeeter. Il en sait peut-être plus long que nous autres, mortels. Dieu est un vieux malin. On peut pas le rouler, Lui ! Il s'occupe de petits détails que les simples mortels ne remarquent même pas. C'est pour ça que j'veux pas quitter ma terre pour aller à Augusta vivre dans une de leurs sacrées filatures. Il m'a mis ici, et Il ne m'a jamais dit de m'en aller vivre ailleurs.
Vendue à plus de trois millions d'exemplaires, traduite en une quinzaine de langues, portée à l'écran par John Ford en 1941, pièce de théâtre à succès, La Route au tabac est le plus grand triomphe d'Erskine Caldwell.
Dans ce roman paru en 1932 aux États-Unis et en 1947 chez Gallimard, l'auteur, fidèle à sa tradition, dépeint le Sud des petits Blancs dans sa réalité la plus crue, et nous livre la radiographie d'une époque, celle de la Grande Dépression, où la faim détruit corps et esprits.

Un immense classique de la littérature américaine à redécouvrir.

La Route au tabac est le troisième roman d'Erskine Caldwell à paraître au sein de la collection "Belfond [Vintage]". Petit à petit les Editions Belfond redonne ces lettres de noblesse à cet auteur un peu oublié du grand public en  faisant (re)découvrir son oeuvre à un nouveau lectorat. Ce qui est une chose juste car Erskine Caldwell est un auteur qui mérite d'être lu et reconnu. 

Ayant découvert cet auteur avec deux autres romans ("Le bâtard" et "Haute tension à Palmetto" (mon préféré)) j'étais ravi de poursuivre ma découverte de cet auteur avec ce titre. Surtout que "La Route au tabac" est considéré comme son chef d'oeuvre (que John Ford porta à l'écran en 1941). 
Bien  que j'ai passé un agréable moment avec ce roman, il n'a pas été le chef d'oeuvre tant escompté pour moi. J'ai préféré, et de loin "Haute Tension à Palmetto", que j'ai trouvé plus abouti. 
Je reconnais toutefois qu'on a affaire à un grand roman et je comprend son succès de l'époque: le style d'Erskine Caldwell est toujours aussi cash et sans parti pris. Il ne prend jamais parti, ni pour les nègres, dont les personnages ne sont jamais très bien considéré (mais c'est l'époque qui veut ça, nous sommes souvent plongé dans le Sud des Etats Unis, au début du XXe siècle. Donc rien de plus normal, surtout que l'auteur nous donne souvent le point de vue des hommes et femmes blancs de l'histoire), mais encore moins pour les blancs qui sont souvent de pauvres idiots. C'est encore plus flagrant dans ce roman là. 
Je crois que je n'ai jamais rencontré de personnages aussi crétins que cette famille Lester: que ce soit le mari,la femme ou les enfants Lester (du moins Dude et Ellie May, que l'on rencontre, les autres enfants sont seulement évoqués) . Tous sont de sombres idiots, qui font souvent des choix peu judicieux. Ils sont  fainéants, sans scrupule, voleurs, j'en passe et des meilleurs. Alors, il est vrai que dans les deux précédents romans que j'ai lu de l'auteur certains personnages sont du même acabit, mais il y en a toujours qui sortent du lot. Là, il n'y en a aucun pour sauver l'autre. Tous sont a baffer. C'est peut être pour ça que je n'ai pas pu m'attacher à ce roman. 

Toutefois, ce qui le  sauve, c'est l'écriture d'Erskine Caldwell: celui ci a des moments de fulgurance dans ces descriptions du Vieux Sud, qui meurt de faim. Il décrit, avec des mots justes, la misère qui sévit lors de cette grande Dépression, avec des mots simples, qui vont à l'essentiel, sans oublier cet élément de répétition dans les dialogues (les personnages répètent souvent les mêmes phrases comme un leitmotiv lancinant,qui vous prend progressivement la tête, mais qui décrit parfaitement l'aliénation qui prend les esprits, parce que la faim détruisant le corps s'attaque ensuite au mental). Puis, cela montre le dialogue de sourd qui s'est installé dans cette famille.  Jeeter et Ada, qui ont eu une dizaine d'enfants se retrouvent seuls, abandonnés dans leur ferme, où ils ne cultivent plus rien. 

Alors, ne vous attendez pas à lire un roman plein de rebondissements, vous risqueriez d'être déçu: il ne se passe quasiment rien dans ce roman, qui respecte les trois unités du théâtre: le lieu, le temps et l'action. En effet, tout se passe quasiment à la ferme des lester, sur une semaine, où l'on voit Jeeter, tout faire pour faire redémarrer la ferme et trouver à manger, quitte à utiliser tous les moyens, même les plus vils pour arriver à ses fins. 

Rien ne trouvait grâce à mes yeux dans ce roman, que j'aimais bien, sans plus. Puis, il y a eu la fin: une fin magnifiquement écrite par Erskine Caldwell, qui nous emporte dans un lyrisme exacerbé et qui m'aurait presque tiré les larmes tellement c'était beau. Après une lecture que je qualifierai de "bien sans plus" cette fin tragique m'a époustouflé et j'en ressors très satisfait. 

Au final, un roman à découvrir, pour son sujet: la Grande Dépression vu à travers le regard d'une famille de fermiers du Vieux Sud, bêtes et méchants, c'est sûr, mais tellement réalistes; pour son écriture fine, sans fioriture avec des éclats de lyrisme qui ne tombent pas dans la mièvrerie, et qui vous décrit le Vieux Sud des Etats Unis; pour sa fin magnifiquement cruelle et belle, qui démontre, si vous en doutiez encore, qu'Erskine Caldwell fait partie de ces grands auteurs américains qui ont écrit l'histoire de la Littérature Américaine. 

Merci aux Editions Belfond de me permettre de (re)découvrir tous ces romans oubliés.

Erskine Caldwell: La Route au tabac, Tobacco Road), Belfond (Collection Belfond [Vintage], 1932, (pour l'édition américaine), 1947 (pour la traduction française), 2017 (pour la présente édition)


Slow Qui Tue #346: L'aigle noir

Le slow qui tue de la semaine cache un terrible secret dans ce rêve nocturne.

Barbara: L'aigle noir 



Bonne écoute!


mercredi 3 janvier 2018

La Discothèque du 20e siècle #250

En 1995, la chanson d'un film de Robert Altman qui fit la controverse à cause de son affiche, fait danser sur les ondes et les pistes.

Ini Kamoze: Here comes the Hotstepper (1995)


Méga tube (n°1 aux Etats Unis et n°2 en France) tiré de la bande originale du film Prêt à porter de Robert Altman,- sorti le 1er mars 1995, il se passait dans le milieu de la mode à Paris, on se souvient du slogan sur les affiches: "Tenue correcte exigée à l'entrée"!-, ce fut un succès sans lendemain pour le tchatcheur jamaïcain Ini Kamoze, un vieux de la vieille de la scène Raggamuffin, qui retourna aussitôt dans le circuit spécialisé. (Source: Fascicule "La Discothèque du 20e siècle: 1995", Polygram Direct)

Bonne écoute!


lundi 1 janvier 2018

Ma Reine

4e de couverture: Vallée de l’Asse. Provence. Été 1965. Il vit dans une station-service avec ses vieux parents. Les voitures qui passent sont rares. Shell ne va plus à l’école. Il est différent.

Un jour, il décide de partir. Pour aller à la guerre et prouver qu’il est un homme. Mais sur le plateau qui surplombe la vallée, nulle guerre ne sévit. Seuls se déploient le silence et les odeurs du maquis. Et une fille, comme un souffle, qui apparaît devant lui. Avec elle, tout s’invente et l’impossible devient vrai. Il lui obéit comme on se jette du haut d’une falaise. Par amour. Par jeu. Et désir d’absolu.

L'année 2018 débute bien avec la lecture du premier roman de Jean-Baptiste Andrea. 

Ce roman m'a été chaudement recommandé par ma libraire qui m'a simplement dit qu'il était fait pour moi. Que c'était tout à fait le genre de livre que j'aimais...sans me dire ce qu'il racontait. Je suis donc reparti sans avoir lu la 4e de couverture et j'ai réussi a me tenir éloigné des critiques parlant de ce livre pendant six mois pour garder la découverte de l'histoire intacte..;et je dois dire que j'ai bien fait, car je suis entré dans ce livre en allant de surprise en surprise. 
Ce conte initiatique (en tout cas, c'est comme ça que j'ai ressenti ce roman, qui dans son style poétique enferme beaucoup de magie) d'un jeune garçon différent m'a vraiment comblé. Et c'est là que je m'aperçois que ma libraire me connait très bien car elle a visé juste. 
J'ai été ému, bouleversé par l'histoire de ce garçon dont on ne connait que le surnom que Viviane, la fille qu'il rencontre durant sa fugue, lui donne: Shell (de par le blouson qu'il porte et qui arbore le logo de la marque d'essence (les parents de "Shell" tiennent une station service où leur fils travaille, comme pompiste)). 
Shell est un garçon différent des autres: il est un peu lent et n'a pas le cerveau aussi développé qu'un enfant de son âge. Et cette différence va faire qu'il va être l'objet de quolibets de la part de ses camarades. Tellement qu'à un moment ses parents décide de le déscolariser.C'est ainsi qu'il travaille à la station. 

J'ai été bousculé par ce roman qui se déroule durant les années 60, lors d'un été qui va bouleverser la vie du jeune Shell. Dès les premières pages, j'ai été happé et je n'ai pas pu le lâcher avant la fin. J'ai aimé le style poétique de l'auteur: il a su retrouver les mots de l'enfance mais surtout, il dépeint à merveille le parcours initiatique d'un jeune garçon qui va passer de l'enfance à l'âge adulte: l'indépendance, la découverte du désir sexuel, mais aussi des premiers émois amoureux, sans que le petit Shell n'en est pas trop conscience. 
Malgré ce regard d'enfant, qui n'a pas toutes les clés pour comprendre le monde qui l'entoure, l'auteur réussit, par petite touche, à faire comprendre au lecteur adulte que je suis, les non dits, et les drames qui se cache dans ce petit village, lors de cet été 1965, où tout change. 
J'ai aimé les trois personnages principaux de ce roman: Shell, Viviane, qui garde leur imagination d'enfants (qui nous fait souvent défauts, à nous adultes), leur complicité, cet "amour de vacances" qui n'en a que le nom (les défis qu'ils se lancent comme pour se prouver quelque chose). Puis, il y a Matti, cet vieux berger qui va prendre sous son aile le petit Shell, que j'ai trouvé bien abandonné par sa famille. 
Enfin, bref, vous l'aurez compris: ce premier roman est magnifique et bouleversant. Ma première belle surprise de cette nouvelle année qui commence. 

Au final, un roman initiatique émouvant, sur la différence, le passage de l'enfant à l'homme qu'il va devenir, qui a fait chavirer mon petit coeur. Avec un personnage hors du commun, en la personne de Shell, qui, avec ses yeux d'enfant, nous ouvre les portes de son imaginaire. La plume délicate, poétique et émouvante de Jean-Baptiste Andrea a réussi là l'un des plus beau premier roman que j'ai pu lire. 
L'année livresque 2018 débute de fort belle manière. 

Jean-Baptiste Andrea: Ma Reine, L'iconoclaste, 222 pages, 2017